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SEUL CONTRE TOUS

Un film de Peter Landesman

Tout ça pour ça…

Bennet Omalu est le premier médecin à avoir découvert l’encéphalopathie traumatique chronique, une détérioration du cerveau liée à la pratique du sport. Son combat va l’amener à combattre frontalement la NFL et un sport que tous les américains adorent…

On l’a entendu partout, à grands coups de diatribes virulentes contre l’industrie cinématographique et son manque de diversité. Will Smith s’est beaucoup lamenté sur son sort, lui qui aurait mérité une nomination aux Oscars pour son interprétation du docteur Bennet Omalu, l’homme ayant découvert l’encéphalopathie traumatique chronique, nom barbare pour désigner les détériorations du cerveau qui s’effectuent après des chocs physiques, en particulier dans le football américain. Soutenu par sa femme dans ce combat au nom de l’orgueil plus que du militantisme, l’acteur avait toutefois éveillé notre curiosité sur ce fameux rôle. D’autant plus que derrière la caméra, se cache Peter Landesman, dont le précédent film "Parkland" proposait une plongée saisissante dans les vingt-quatre ayant suivi l’assassinat de JFK.

Malheureusement, dans ce métrage à thèse parfaitement dans les clous de l’école hollywoodienne, rien ne vient empêcher le spectateur de sombrer dans un profond ennui. Durant plus de deux heures, l’ancien Prince de Bel-Air multiplie les mimiques, s’essaye à l’accent appuyé, et surjoue la victime d’un monde où le lobbying reste maître et où l’on ne touche pas à la loi sacro-sainte du sport. Mais tout n’est pas à amputer au comédien. Car le film accumule les séquences lymphatiques sur un rythme nonchalant, noyant son intrigue politique dans un mélodrame mielleux. Là où "Seul contre tous" aurait pu devenir une pamphlet contre le sport-mafiat, prêt à sacrifier ses sportifs sur l’autel des gros sous, le film demeure une hagiographie soporifique sur un homme parfait, aux valeurs religieuses et morales irréprochables.

Enchaînant les scènes convenues et les personnages secondaires sans envergure, le film sombre dans presque tous les écueils possibles du biopic fade et terriblement froid. Sans émotion, l’indifférence gagne peu à peu nos cœurs face à ce spectacle manquant d’âme et d’ambition. Surtout, à forcer le trait comme dans ces scènes où le réalisateur insiste lourdement sur la violence des contacts au football américain, ce drame perd toute sa puissance revendicatrice. Reste alors une histoire grandement méconnue dont le traitement ne permet pas ici d’en mesurer tous les enjeux. Le film a néanmoins le mérite d’initier une certaine réflexion. Aux spectateurs de la poursuivre loin des salles obscures.

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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