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SCREAM 4

Un film de Wes Craven

Plaisir parodique

Dix ans après la terrible folie meurtrière qui s’empara de la petite ville de Woodsboro, et qui se répéta pas moins de trois fois, Sidney Prescott revient sur les lieux du calvaire dont elle est l’une des rares survivantes. Devenue une star, depuis que son histoire a été adaptée au cinéma dans une saga intitulée « Stab », elle vient assurer la promotion de son premier roman. Mais l’événement est gâché par l'irruption de nouveaux meurtres, qui semblent rendre hommage aux drames qui ont jadis marqué la ville. De ce fait, la jeune cousine de Sidney, qui réside à Woodsboro, ne tarde pas à voir la menace pointer sur elle…

Genre né aux alentours des années 1970 avec « Black Christmas » de Bob Clark puis confirmé par « Halloween : la nuit des masques » de John Carpenter, le slasher a connu un nouveau souffle en 1996 grâce à « Scream », qui re-propulsa son réalisateur Wes Craven au sommet de la gloire. Celui-ci créa deux suites, qui se trouvèrent assez vite banalisées par la montée en puissance d’autres sagas du même genre, telles que « Souviens-toi l’été dernier », « Destination finale » et, dans une certaine mesure, « Scary movie », parodie burlesque de « Scream ». Aussi, l’annonce de la sortie d’un quatrième opus dédié au tueur masqué avait donc de quoi susciter la curiosité, tant le genre semble avoir été épuisé jusqu’à la moelle.

Par chance, Wes Craven ne manque pas d’humour ni de suite dans les idées. « Scream 4 », s’il ne crée pas la surprise, renouvelle son contrat avec brio en jouant à fond la carte des relations humaines contemporaines (les réseaux sociaux sur le web, la vidéo en streaming, et le nécessaire souci d’audimat qui en découle) et, bien sûr, de l’auto-parodie. En effet, non seulement le film est truffé de références aux codes galvaudés des slashers (« le seul moyen d’en réchapper, explique un geek du ciné-club, est d’être le personnage gay de l’histoire»), mais il est aussi allègrement auto-référencé, enchaînant les clins d’œil à des scènes qui contribuèrent jadis à créer le mythe « Scream » : la porte du garage qui s’abat sur la victime, l’adolescent emmailloté sur une chaise dans le jardin, ces satanés pavillons aux grandes baies vitrées... Wes Craven va même plus loin, en s’adonnant sans scrupules à l’auto-flatterie. En témoigne la scène d’ouverture, mise en abyme multiple d’un slasher movie ressemblant étrangement à « Scream », et qui n’est ni plus ni moins qu’un hommage que le cinéaste rend à lui-même et à son œuvre.

Dès lors que l’on souscrit à cette posture et qu’on se laisse griser par tous les clins d’œil cinéphiles, le côté hautement prévisible du scénario (suspense quasi inexistant, fausses pistes qui ne trompent personne) s’avère sans importance. Du moment que le film délivre son lot d’humour, de sursauts et d’hémoglobine ! Par ailleurs, la présence au casting de nombreux acteurs et actrices issus du monde de la TV apporte au métrage des niveaux de parodie supplémentaires, qui n’échapperont pas aux amateurs de séries. « Scream 4 » est donc sans conteste un bon pop-corn movie. Cependant, vu sa dimension rétrospective, il y a fort à parier que ce soit aussi le dernier de la liste.

Sylvia GrandgirardEnvoyer un message au rédacteur

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