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SCHIRKOA : LA CITÉ DES FABLES

Un film de Ishan Shukla

Un film d’animation ambitieux sur un monde plus que jamais divisé

A Schirkoa, ville où tout le monde porte un sac en papier sur la tête afin d’effacer les différences, un homme à la cravate rouge fréquente une femme du Blue District, qu’il rejoint dans une chambre au dessus d’une sorte de cabaret. Alors que les autorités sont en guerre contre les Anomalies, il fait par hasard la connaissance d’une jeune femme tatouée qui ose enlever son sac pour fumer dans une ruelle. Se recroisant, ils entament une discussion sur Konthaqa, légendaire cité des réfugiés, où les gens ne porteraient pas de sac…

Dystopie pas forcément si éloignée du monde d’aujourd’hui, "Schirkoa : la cité des fables" nous transporte dans un monde ultra divisé, où les citoyens se conforment sagement aux obligations en vigueur, s’offrant tout de même quelques plaisirs en secret, et ne comprenant rien aux discours de leurs dirigeants (ici un groupe de quatre personnes au centre d’un sombre hémicycle de citoyens anonymes...), avec en fond une tension sécuritaire autour de manifestants et un discours confondant gens différents, migrants et ennemis du système en place. D’abord ancré dans une village aux allures de New York aseptisé et aux influences asiatiques (on pense forcément à "Blade Runner"), l’intrigue d’émancipation du héros et de sa complice inattendue, nous emmènera ailleurs, au-delà de la noirceur d’une ville sous contrôle, dans des contrées ensoleillées aux influences mêlées d’Amérique Latine et d’Asie.

Les ingrédients d’un film d’anticipation, parabole sur une forme de société totalitariste, sont bien présents, créant une atmosphère mystérieuse : le personnage se fait appeler par le numéro sur son sac - 197 A, les règles sont répétés via des systèmes d’information intrusifs, dont le slogan du régime « Sécurité, Sanité, Sainteté », une mystérieuse figure de culte est omniprésente, le Seigneur O'... Même s’il faut bien avouer que le scénario finit par se perdre un peu ponctuellement, entre transformation du personnage principal, fête des Anomalies et histoires de déités ou de figures diaboliques (les cornes du héros...), le récit offre tout de même une réflexion sur la résistance ou la révolte, et finalement la différence comme moteur artistique. Adapté du court métrage éponyme, le film maintient cependant un certain mystère, en convoquant mythologie et culture indienne. Saluons enfin avant tout le travail graphique sur les décors, retravaillés par dessus les images de synthèses en termes de textures, mais aussi les personnages, qui, s’ils s’avèrent un peu figés niveau expressions ou chevelures, bénéficient de détails convaincants (les plis des vêtements, les accessoires..).

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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