SANDBAG DAM

C’est l’histoire éternelle de deux amis adolescents que la vie a entraîné dans des directions différentes. Il y a d’abord Marko, dont l’avenir après le lycée semble tout tracé, lui qui doit devenir garagiste avec son père, qui va faire sa vie au village et tente d’embrasser sa copine Petra sans réel succès. Slaven est parti vivre à l’étranger, à Berlin, pour échapper à ce monde étriqué et aux problèmes de communication avec ses parents. Son retour marque d’ailleurs une distance pesante avec sa mère, alors qu’il n’avait pas parlé avec son père depuis 3 ans. C'est tout en douceur, que le scénario nous amène sur les événements qui ont provoqué le départ de Slaven et donc sur le passif entre lui et Marko, dont les sentiments vont peu à peu se réveiller du fait de ces retrouvailles, que la mère de Marko voit d’un mauvais œil.

Intelligemment, ce n’est pas forcément ceux que l’on croit être les plus obtus et intolérants qui s’avèreront ici les plus féroces. L’attitude des deux mères est ainsi scrutée avec une certaine acuité, aidée par deux actrices impeccables. Et progressivement, le parallèle entre cette eau qui menace de tout submerger (le temps orageux, les surélévations des meubles, la pose de sacs devant les maisons…) et les sentiments enfouis de Marko s’affirme comme la colonne vertébrale du métrage. Abordant en toile de fond le harcèlement comme l’attitude de pères considérant la vie de leurs enfants comme étant « leur », le scénario utilise aussi sports et traditions virilistes pour mieux mettre le héros face à un choix de survie : rester ou partir. Un efficace coming of age movie, où la tendresse surnage dans les rapports au petit frère comme à cet ami exilé, passé par la section Génération 14plus du Festival de Berlin 2025.