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RUE DES CITES

Aubervilliers, je l’aime mais je veux la quitter

Un poète prend la parole, témoignant son amour pour sa cité à travers quelques vers. Certains journalistes veulent la travestir, faire du sensationnel en bidonnant un reportage avec la complicité de l'un de ces habitant la trahissant pour quelques billets. Ce n'est pas du goût de certains… À côté de cela, Adilse cherche son grand-père dans le quartier, accompagné de Mimid, son meilleur pote...

Avant d'être le titre de ce film, "Rue des cités" est surtout le nom d'une des principales artères de la ville d'Aubervilliers et c'est d'ailleurs un véritable plaidoyer, un cri d'amour pour leur banlieue que nous offrent ici Carine May et Hakim Zouhani. Ces deux réalisateurs y dévoilent, d'un regard bienveillant, un éventail de situations propres à la vie au milieu des tours. On y évoque tour à tour le désœuvrement et l'enfermement urbain qui vont de pair, le conflit des générations face au poids des traditions, la position des femmes au sein d'un univers à la fois machiste et infantile. "Rue des cités" ne représente jamais la violence du quartier de front (à part une courte mise à tabac) comme dans un "Ma 6-T va crack-er". Elle est pourtant présente dans les échanges, en sous-texte, mais bien souvent masquée grâce à un certain recul et un humour salvateur des deux protagonistes mais aussi des différents intervenants dont les déclarations ponctuent chaque séquence.

Car Carine May et Hakim Zouhani mélangent les genres en incluant des témoignages d'habitants ou d'ex-habitants d'Aubervilliers revenant bien souvent sur l'exode et ce, avec beaucoup de recul. On assiste donc avec étonnement à une fiction entrecoupée d'inserts documentaires pour lesquels le choix du noir et blanc fait plus souvent penser à " Coffee and Cigarettes " qu'à "La Haine". Car à la manière du film de Jarmusch, "Rue des cités" est construit comme une succession de petites scénettes ne présentant pas forcément de structure narrative précise mais utilisant des personnages récurrents. Les inserts documentaires, finalement beaucoup plus intéressants que la fiction elle-même, renforcent également cette impression. Cette petite trouvaille permet au film d'entretenir une certaine fraîcheur ainsi qu'un lien affectif avec le spectateur.

Alexandre RomanazziEnvoyer un message au rédacteur

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