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ROCKET SCIENCE

Un film de Jeffrey Blitz

Emois ados

Chaque année, le lycée de Plainboro, New Jersey, participe à un concours d'éloquence dans le cadre de débats politiques menés par les adolescents. Comme l'un des favoris (Nicholas D'Agosto) s'est retiré de cette course aux trophées pour aller travailler dans une laverie de Trenton, la ville d'à-côté, Ginny (Anna Kendrick) va essayer d'engager dans les rangs du lycée le jeune Hal (Reece Daniel Thompson), un gamin introverti et bègue...

Quand ils prennent pour sujet les émois adolescents, les Américains empruntent deux voies. Soit celle de la comédie sexuelle, toute en lourdeur et en gags néanmoins marrants, soit celle de la chronique en demi-teinte. C'est plutôt dans cette dernière direction que s'est engagé Jeffrey Blitz avec son premier film de fiction, "Rocket Science" (il avait auparavant tourné le documentaire "Spellbound"), bien que l'ensemble soit bourré d'humour et aborde de front les questions sexuelles.

L'originalité du sujet tient dans ce concours d'éloquence auquel participent tous les lycées de l'état. Les groupes doivent débattre sur un thème général qui est, l'année scolaire où se déroule le film, celui de l'abstinence sexuelle. Ils se scindent alors en "pour" et "contre" et construisent leur argumentation. La jolie Ginny a donc décidé d'engager dans ses troupes Hal, le bègue de la classe, qui meurt d'amour pour elle et parviendra à lui arracher un baiser.

"Rocket Science" se voit sans déplaisir, parsemée de phrases incongrues telles que "la masturbation devrait être enseignée dans les écoles". La vraie trame du film ne s'arrête bien sûr pas à ces débats sexuels mais va beaucoup plus loin : que peut-on faire de sa vie quand on est un adolescent, a-t-on le droit de rêver à autre chose qu'à la réussite, que faire quand les adultes ne se comportent pas comme tels, etc. Les grandes personnes du film sont en effet, elles aussi et sans doute beaucoup plus que leur progéniture, taraudés par le sexe. Après avoir mis son mari à la porte, la mère de Hal roucoule sous son toit avec son nouveau copain. Les parents du voisin de Ginny ont testé "au moins deux fois" toutes les positions du Kama-Sutra et certaines beaucoup plus que ça. Ils s'accompagnent à présent au piano et violoncelle pour résoudre leur crise sexuelle.

On s'en aperçoit, le sexe n'est pas ici une fin en soi, nous ne sommes pas dans une variation newjerseyenne d' "American Pie". Il est plutôt un élément de gag récurrent. Pour le sens de la vie, il en va tout autrement et ce petit film, petit par le budget, nous entraîne à y penser.

Jean-Charles LemeunierEnvoyer un message au rédacteur

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