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LA ROBE DU SOIR

Un film de Myriam Aziza

Mignon

Juliette a 12 ans et elle est une élève modèle aux yeux de sa professeur de français qu'elle admire beaucoup. En roue libre à la maison à cause d'un père déserteur et d'une mère trop souvent absente, Juliette se raccroche à la confiance et à l'estime que lui accorde sa prof. Mais cette dernière semble soudain davantage se préoccuper du jeune Antoine, son camarade qui va devenir son ennemi...

Alors que le cinéma rabâche un peu, avec des films sur le passage de l’adolescence à l’âge adulte, Myriam Aziza réussit à bâtir un film sur le passage de l’enfance à l’adolescence. Dans le premier rôle, une très jeune actrice qui nous donne envie de la suivre dans cette quête d’identité, de reconnaissance et d’amour. Alba Gaia Bellugi est finalement impressionnante parce qu’elle parle peu, mais nous donne l’impression d’entendre constamment ses pensées !

C’est une force du film de laisser davantage de place aux regards, aux ressentis, aux questionnements intérieurs quand il s’agit d’une jeune fille en pleine affirmation d’elle-même. Délaissée par son père, évitée par sa mère qui préfère son frère, elle trouve en la personne de sa professeur de français une raison d’en imposer, un modèle à copier. Belle, bien habillée, cette professeur est tout le contraire d’elle, plutôt garçon manqué. Elle fait donc un transfert de sa mère sur la professeur qui la guide, sans le savoir, dans la découverte de sa féminité.

Mais bien entendu, l’enfant est trop en admiration et n’arrive pas à contrôler ses sentiments, excessifs, qui la rendent jalouse à la première occasion. Et de s’inventer tout un univers qu’elle croit réel alors qu’il n’est que le fruit de son imagination. Elle veut aller trop vite, se croit déjà adulte, comme son modèle, et se fourvoie dans des accusations qu’on est à même d’imaginer possibles l'espace d'un instant.

Dans cette banlieue lyonnaise bien proprette se dessine un drame pour une enfant, que les adultes ont bien du mal à déceler et à comprendre. La cellule familiale, désintégrée, y est pour beaucoup mais le rôle des enseignants aussi, pas forcément préparés à vivre les bouleversements intérieurs personnels de leurs propres élèves.

Lio est plutôt à l’aise et juste en prof de français dont les nombreuses robes pourraient rappeler aux spectateurs certains souvenirs de jupes de maîtresses d’écoles ! Le casting nous permet également de retrouver Sophie Mounicot (infirmière de la série « H ») dans le rôle de la mère incapable de traduire les sentiments de sa fille. Un casting très féminin auquel s’ajoutent les rares rôles masculins tenus par le proviseur Bernard Blancan et le jeune élève Léo Legrand. Ce premier long-métrage de Myriam Aziza, délicat et sensible, aurait simplement mérité un scénario moins convenu.

Mathieu PayanEnvoyer un message au rédacteur

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