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RIPARO

Maria de Medeiros confirme son talent, tandis que Puccioni rate sa cible

Anna et Mara rentrent de vacances et découvrent Anis, un jeune immigrant marocain, caché au fond du coffre de leur voiture. Anna décide de le recueillir, non sans les réticences de Mara, qui voit d’un mauvais œil l’irruption du jeune homme dans son couple. Et lorsqu’Anis tombe amoureux de celle-ci, c’est le début des ennuis...

Réalisateur de nombreux courts-métrages et documentaires s’intéressant aux problèmes de l’identité, Puccioni réalise ici un film précis, véritable exercice de style autour du déséquilibre. Déséquilibre social tout d’abord, puisque les deux femmes sont issues de milieux opposés (l’une est ouvrière et travaille dans l’usine à chaussure dirigée par la famille de l’autre) ce qui, en dépit des sentiments, les empêche de s’épanouir pleinement dans leur relation. Déséquilibre relationnel également : le sentiment d’infériorité qui habite Mara face à la force et à l’assurance d’Anna rend leur rapport certes touchant mais conflictuel et voué à l’instabilité. Déséquilibre de l’amour enfin, avec un triolisme des sentiments à sens unique.

Or face à cet ensemble de noeuds, le thème central qui semblerait être celui de l’immigration paraît bien insignifiant (à noter que Riparo veut dire « refuge » en italien). A part dénoncer les conditions déplorables dans lesquelles les étrangers se déplacent, en quête d’un monde meilleur, et les difficultés qu’ils rencontrent pour s’insérer, Puccioni ne porte pas bien loin sa réflexion. On se détache ainsi très vite du destin du jeune Anis pour s’intéresser davantage à celui des deux jeunes femmes, dont le rapport fascine tout du long.

En fait c’est bien d’une histoire d’amour entre femmes dont il est question, naturellement compliquée parce qu’elle se déroule dans l’Italie semi-rurale, en milieu ouvrier et entre deux classes sociales divergentes. Maria de Medeiros et Antonia Liskova brillent et happent tout le film. On retiendra une atmosphère tendue, à la limite de l’inconfort, qui renforce la sensation de fatalité. Le reste, hélas, se laisse facilement oublier.

Sylvia GrandgirardEnvoyer un message au rédacteur

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