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THE RIDER

Un film de Chloé Zhao

L’homme blessé

Lors d’un rodéo, Brady a eu le crâne fracassé par le sabot d’une jument. Après 3 jours de coma, le cowboy a survécu mais à présent, tout choc à la tête lui serait fatal. Outre le traumatisme physique, Brady doit à présent faire le deuil de sa raison d’être, dresser des chevaux…

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Chloé Zhao voue une véritable fascination pour l’Amérique des réserves indiennes Sioux et Lakota. Une Amérique oubliée où le destin de ses habitants se borne à l’horizon du Dakota du sud. Dans son premier film déjà "Les chansons que mes frères m’ont apprises", son regard s’était posé sur cette communauté meurtrie où l’espérance de vie n’est que de 45 ans. Son héros d’alors, Johnny, devait choisir entre tenter sa chance en Californie ou s’occuper de sa petite sœur alors orpheline.

Dans ce second film, la réalisatrice filme à nouveau une famille disloquée avec une mère partie trop tôt, un père qui abuse du jeu et une petite sœur mentalement différente terriblement attachante. Le grand frère, Brady est le seul pilier de cette famille à la dérive. Un pilier qui tient comme il peut depuis qu’un violent coup de sabot lui a fracassé le crâne. L’homme est à présent un cowboy sans monture, un mort vivant pour ses contrées où le rodéo est une véritable religion.

Sans être documentaire, l’histoire de "The Rider" n’est pas réellement fictive puisque les acteurs jouent leur propre rôle et que la blessure de Brady est malheureusement bien réelle. Poétique et intimiste la caméra de Chloé Zhao inonde de lumière cet homme brisé une fois l’accident passé. Elle retranscrit avec pudeur ses désillusions et ses rêves. Car même si parfois, Brady aurait préféré être un cheval grièvement blessé qu’on abat pour ne pas qu’il souffre, l’homme tente comme il peut de retrouver un sens à sa vie, même s’il doit en payer le prix.

Entre deux panoramiques flamboyants, la réalisatrice révèle en clair-obscur toute la mélancolie de son personnage. Une approche intime et sensible qui faisait un peu défaut dans son précèdent film mais qui ici est parfaitement maîtrisée par la cinéaste. Grace à la fiction, elle peut souligner de son sens artistique chaque doute et chaque lueur d’espoir de son héros. Brady rejoue ainsi sa propre vie, mise en abîme par un regard extérieur. Une façon pour lui d’exorciser son passé afin qu’il prenne un nouveau départ. C’est du moins tout ce qu’on peut lui souhaiter.

Gaëlle BouchéEnvoyer un message au rédacteur

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