RÊVES D'OR

Des gamins sans famille, un futur sans avenir et une envie viscérale d’échapper à tout ce qui les entoure et les tire vers le bas… voilà le décor que plante Diego Quemada-Diez pour ce premier long-métrage. A travers le périple de Sara, Juan et Samuel, trois ados encore un peu naïfs et maladroits, il va dépeindre la dure réalité du trafic de passe, et les rêves d’aller, sans retour, qui meuvent des centaines de clandestins sud-américains chaque jour vers la frontière des Etats-Unis.

À la manière d’un parcours initiatique, ce voyage se fera de rencontres, bonnes ou mauvaises, d’obstacles et d’un dénouement plus ou moins heureux pour chacun des personnages. On suit avec intérêt le déroulé de cette expédition, chaque épreuve les rendant plus forts, moins dociles et plus calculateurs, tout en gardant des réactions enfantines et immatures dû à leur âge. C’est là toute la justesse du jeu entre les trois jeunes protagonistes, tous trois acteurs non professionnels. Par des jeux de regards, tantôt rieurs, tantôt hargneux, le réalisateur réussit à rendre captivante cette énième cavale vers un idéal de vie, que l’on a déjà vu des dizaines de fois sur grand écran. C’est d’ailleurs certainement ce qui a plu à Thomas Vintenberg et son jury au dernier festival de Cannes, où le film a été projeté dans la compétition « Un certain regard », remportant le prix « Un certain talent ».

Même si la morale de "Rêves d’or" pourrait être que l’herbe n’est pas toujours plus verte ailleurs, le film apporte un autre regard sur le danger auquel peut s’exposer des individus en quête d’une vie meilleure, au péril de leur vie. Un voyage au bout de l’enfer, pour tenter de toucher du doigt son idéal.