RENOIR
Des émotions à gérer seule, dans une fin d’enfance particulière
Synopsis du film
1987, la jeune Fuki, 11 ans, a l’habitude de lire d’étonnantes rédactions en classe. Mais sa dernière, présentée comme un cauchemar qu’elle a fait, inquiète un peu son professeur. Alors que son père, malade, est hospitalisé, et que sa mère, promue cheffe d’équipe, doit suivre un stage de contrôle d’elle-même, c’est un été à part qui commence pour la jeune fille, persuadée qu’elle dispose de quelques dons particuliers…

Critique du film RENOIR
"Renoir" commence avec l’un des rêves de la jeune Fuki, 11 ans, dans lequel elle se fait étrangler par un inconnu dans sa chambre, des obsèques s’ensuivant. Fuki a beaucoup d’imagination et en met une partie dans ses rédactions, inquiétant tout autant ses professeurs que ses parents par la noirceur de celles-ci. Mais Fuki est aussi à un âge d’entrée dans l’adolescence, où elle découvre le monde, ses curiosités comme ses dangers, avec une liberté apparente due à l’hospitalisation de son père, qui ne ressortira visiblement pas de l’hôpital, et à l’excès de travail de sa mère, souvent absente. Confrontée à la mort à venir, elle s’interroge sur l’existence de l’âme et d'un au-delà, menant ses propres tests à l’hôpital. Et l’influence de sa voisine, qui pratique l’hypnose, participe bien évidemment à son attirance pour des expériences, qui vont au final l’emmener malgré elle sur des chemins plutôt risqués.
Entre des sensations de voir en rêve certains signes ou lors de jeux d’être capable de deviner certaines choses, et une curiosité pour la présence persistante des êtres après leur mort, le personnage se cherche un équilibre dans un monde où les adultes eux-mêmes ont du mal à gérer le quotidien ou leurs émotions, et voudraient bien se réfugier dans le surnaturel. La mise en scène de la réalisatrice du formidable "Plan 75" se met au diapason de l’état d’esprit de fillette, pour mieux faire réagir le spectateur. De l’insouciance d’une caméra flottante, lors de zigs zags en vélo, d’un passage au parc ou de mains frôlant une grille, à des plans laissant volontairement hors champ le visage d’un mystérieux inconnu, accompagnés d’inquiétants craquements du cuir du canapé, elle accompagne notre ressenti de spectateur face à un mélange d’insouciance et de curiosité devenant inconscience. Délicat, le film n’a certes pas la puissance prémonitoire de "Plan 75", mais s’avère plus intime, abordant avec ce qu’il faut d’équilibre entre insouciance et douleur, la sortie de l’enfance.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur