Banniere_11_films_de_separation_Saint_Valentin

RAY AND LIZ

Un film de Richard Billingham

Misère et déchéance sous Margaret Thatcher

Ray, vieillard, se réveille dans sa chambre miteuse envahie par les mouches. Dès qu’il se lève, il boit un grand verre de bière. Sur la table de nuit, il y a une ancienne photo de lui avec une jeune femme. Dans les années 80, Ray vivait alors avec Liz et leurs deux enfants dans un appartement sordide…

 

 

ray-and-liz-1

Nés dans les années 70 dans la banlieue de Birmingham, Richard Billingham et son frère grandissent dans des appartements insalubres entre un père alcoolique et une mère caractérielle, passionnée de puzzles et de bibelots. « Tout comme les animaux, elle aimait les enfants en bas âge, elle nous trouvait mignons. Quand les chiens et les chats ont grandi elle s’en est débarrassé. Quand mon frère et moi avons grandi, elle ne s’est plus occupé de nous » : tels sont les mots du réalisateur pour évoquer la figure maternelle.

Devenu adulte, Richard Billingham exorcisera son enfance misérable en publiant "Ray's a Laugh", un recueil de photos personnelles qui témoigne de la déchéance de ses parents. Glorifié ou critiqué par le public, le photographe démontrera par la suite que son talent ne se cantonne pas à cette expérience personnelle. 20 ans plus tard, l'homme revient néanmoins sur cette période difficile, au travers d'une fiction autobiographique qu'il intitulera des prénoms de ses parents "Ray & Liz".

Comme dans ses photos, Richard Billingham n'épargne rien, ni personne. Composé en triptyque, le film scrute en guise de prologue, le néant qu'est devenu la vie du père dans ses dernières années. Suivent alors deux flash-back décrivant des scènes de son enfance, puis de son adolescence, au sein de ce foyer en perdition. Instantané d'une période d'austérité inflexible, les parents de Richard ont perdu le peu qu'ils avaient dans les années Thatcher, pour sombrer définitivement dans l'alcool et le délabrement.

Le cinéaste montre ses parents affreux, sales, mais pas méchants pour autant. Les vrais salauds sont ceux qui sont en périphérie et qui profitent de cette misère humaine. Que ce soit leur oncle, les petites frappes de bas étage, ou les ordures qui traînent dans les bois environnants la cité, ce sont eux les plus grands dangers pour les enfants. Et c'est certainement cette absence de protection que Richard Billingham reproche le plus à ses parents.

Son regard sur la crasse et le dépérissement de son foyer est purement clinique. Avec son frère, ils n'éprouvent aucune haine, aucune rage. Ils subissent simplement les choses en attendant de pouvoir partir. Il faudra attendre de devenir adulte pour que la catharsis se produise, avec un recueil de photos tout d'abord, et quelques années plus tard avec ce film brut et sans appel. La preuve encore une fois, que les cicatrices de l'enfance ne se referment jamais réellement.

Gaëlle BouchéEnvoyer un message au rédacteur

BANDE ANNONCE

Bande Annonce Trailer RAY & LIZ – un film de Richard Billingham au cinéma le 10 avril from POTEMKINE FILMS on Vimeo.

Laisser un commentaire