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RABBIT HOLE

D’une pudeur bouleversante

Cela fait à présent huit mois qu’Howie et Becca ont perdu leur unique enfant. Malgré le chagrin, tous deux tentent de s’en sortir et de retrouver le goût de la vie...

Très simple à la lecture de son synopsis, « Rabbit Hole » se révèle être d’une profonde intensité. Adapté d’une pièce de théâtre du double prix Pulitzer, David Linsday-Abaire, ce petit film américain au grand casting est le bouleversant portrait d’un couple tentant de faire le deuil impossible de leur enfant. Admettons-le, le sujet a certes déjà été traité plus d’une centaine de fois, et la particularité de cette œuvre est d’offrir, sous ses airs de drame au lendemain d’une tragédie, un touchant propos sur le pardon, le rétablissement et la reconstruction d’une vie ayant perdu tout sens.

« Rabbit Hole » rappelle à quel point le deuil peut être personnel, dans les moments où le couple s’éloigne. Chacun s’en va retrouver les choses qui le fait avancer dans sa propre peine. Tandis que Becca se débarrasse petit à petit de tout ce qui lui rappelle son fils, Howie collecte, se remémore, préserve l’existence de cette vie qui comptait tant pour lui. Les disputes éclatent quant à l’incompréhension des réactions des personnes qui les entourent ; que ce soit entre Howie et Becca ou entre Becca et sa mère qui continue de comparer le chagrin qu’elle a ressenti en perdant son fils victime d’une overdose. Finalement, Howie part seul faire une thérapie de groupe dans lequel il se fera une amie et Becca trouve réconfort chez un inattendu voisin.

John Cameron Mitchell (« Hedwig and the angry inch », « Shortbus ») ne fait jamais mousser son sujet. Il préfère rester dans cette pudeur si juste et si touchante qui ne sur-explique rien mais laisse plutôt l’éloquence des non-dits s’exprimer. La mise en place est ainsi empreinte d’une brillante sensation de tabou parfaitement rendue. S’ajoute à cela le couple d’acteurs Kidman / Eckhart qui composent leurs personnages avec une résonance inouïe, capturant l’essence même du chagrin qui peut soudainement exploser puis finalement se noyer dans une souffrance introspective. L’actrice australienne offre d’ailleurs une de ses plus complexes et touchantes performances variant les palettes et les nuances de son personnage au bord de la crise de nerfs.

Au final, John Cameron Mitchell nous fait découvrir l’épreuve la plus difficile qu’un mariage peut rencontrer : bien plus dévastateur que l’adultère, la perte d’un enfant. Même le plus solides des couples remettraient en question leur capacité à faire face à un tel chagrin, souffrance qu’il faut se résoudre à accepter pour pouvoir avancer...

Alexandre RomanazziEnvoyer un message au rédacteur

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