QUEENDOM

Ancré au cœur du territoire russe, "QueenDom" est un témoignage bouleversant sur ce que veut dire être queer aujourd’hui. Le portrait de Jenna est celui d’une lutte quotidienne pour affirmer son identité et son art (le drag) dans un pays totalitaire. Conflits familiaux, harcèlements et violences de rue, censure dans certains lieux publics… Son existence est, par définition, politique. En opposition aux recommandations de sa famille pour intégrer l’armée, Jenna choisit le militantisme créatif, qu’importe le prix à payer. Ce documentaire devient alors un hommage, autant qu’un espoir.

La qualité esthétique des cadrages et des lumières change des documentaires cliniques avec interviews face camera. Ici, le rythme est dynamique. Malgré l’urgence des scènes, un réel effort est fait sur la photographie de cette production. A cela s’ajoutent les nombreux interludes où Jenna déambule dans les rues, avec des costumes de plus en plus polémiques (drapeau russe, barbelés, sang). Pouvant rappeler l’utilisation des masques dans "Au revoir là-haut", à la fois comme identité et moyen de révolte, l’absolutisme que Jenna voue à la place du drag dans sa vie ne peut qu’émouvoir. Elle doit œuvrer, qu’importe le prix.

Ode à l’art du drag et à sa nécessité dans nos sociétés, ce documentaire se place aux côtés d’autres productions, comme "Last Dance", visant à défendre les outsiders. Claque visuelle autant qu’existentielle, ce documentaire est un pari ambitieux et réussi sur tous les points.