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PURE

Un film de
Avec

Le parcours chaotique d’une « effrontée » suédoise

Pour son premier film, la metteure en scène Lisa Langseth a réadapté la pièce « L’Aimée » de Stig Larsson, qu’elle avait déjà montée au théâtre en 2004 avec, dans le rôle titre, la jeune Noomi Rapace, alors inconnue. En changeant la structure du récit (beaucoup plus linéaire dans le film) et en gardant la même intrigue nourrie de luttes de classes et de pouvoirs, la réalisatrice conte, à la fois, la tentative inespérée d’une jeune fille de vingt ans de s’élever dans la société et une histoire d’amour virulente et décisive. En prenant comme marqueur social le monde de la musique classique, « Pure » fait penser à « L’Effrontée » de Claude Miller (aux enjeux similaires) même si, d’un point de vue purement cinématographique, on pense davantage aux réalisateurs sociaux, qu’ils soient belges comme les frères Dardenne, ou anglais comme Ken Loach. Malgré sa trame narrative assez classique, le film s’avère d’une grande intensité, à l’image du désir absolu de son héroïne, désir de pureté (d’où le titre) noyé dans la culture de la haute bourgeoisie (Mozart donc, Beethoven, mais aussi en littérature Kierkegaard ou encore le poète suédois Gunnar Ekelöf).

Mais avant tout, « Pure » est le portrait d’une jeune fille dégagée des stéréotypes quotidiens, qui sait que le regard des autres dépend de la réinvention de son « moi », mais aussi de la position qu’elle occupe dans la société. Impulsive et passionnée, Katarina est interprétée par Alicia Vikander (atout principal du métrage), sorte de Natalie Portman suédoise qui a obtenu le Guldbagge (équivalent nordique des Césars) de la meilleure actrice. On la retrouvera bientôt aux côtés de Jeff Bridges dans « The Seventh Son » de Sergei Bodrov. Stupéfiante en jeune femme déterminée et parfois brusque, elle se sort à merveille d’un rôle plus complexe que ne le laisse suggérer le début du film. Malgré une fin expéditive (mais tout à fait amorale), « Pure » oblige les spectateurs à s’interroger sur leur identité, et ceci avec une radicalité dérangeante.

Christophe HachezEnvoyer un message au rédacteur

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