LE PROCHAIN FILM

Le point de départ de René Féret est simple comme bonjour : faire un petit film sans scénario mais avec des comédiens qu’il aime. C’est donc à cœur ouvert que se lancent Pierrot, Seyvecou, Canto et Chappey (tous excellents) dans cette improvisation qui parle avant tout de ce qu’ils connaissent le mieux : leur métier. Le cinéma est, en effet, au centre de l’histoire. Pierrot interprète un metteur ou scène (« ou un réalisateur, c’est la même chose »), Chappey, son grand frère, est acteur exclusivement de films dramatiques, et Seyvecou, sa femme, est comédienne ayant principalement tourné dans les films de son mari. Seule Canto se retrouve dans la peau d’une éditrice.

Le quatuor se lance avec peu de dialogues écrits, dans des scènes minimalistes, étant tout juste recadrés par Féret quand ils s’écartent de l’intention du réalisateur. Cela donne une liberté immense au film, un naturel incroyable. Il faut dire que les comédiens principaux maîtrisent parfaitement le verbe improvisé et les saynètes se succèdent, certes parfois dans un rythme engourdi qui peut perdre le spectateur, mais toujours dans un esprit de sincérité ambiante, entre légèreté, drôleries et réflexion plus sérieuse sur le couple, le rôle de parents…

Car le deuxième sujet principal de ce "Prochain film" est la famille. Un incontournable pour René Féret, qui non seulement tourne avec la sienne (ses filles devant la caméra, son fils derrière, sa femme au montage) mais également ne parle pratiquement que de ça dans ses œuvres : filiation, parenté, liens de sang et cocon familial sont des constantes de sa filmographie. "Le Prochain film" restera tout de même un film à part, un hommage aux métiers du cinéma, telle une déclaration d’amour au 7e art et au plaisir d’inventer pour ce média, d’écrire, de jouer et de recevoir ce cadeau des cinéastes…