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POP REDEMPTION

Un film de Martin Le Gall

Mortellement ennuyeux

Les Dead Makabés, un groupe de black metal, sont en pleine perte de vitesse. Alors que leur leader, le chanteur Alex, est toujours à fond et prépare déjà la rentrée, les musiciens, eux, se posent des questions. Pascal, le batteur, a un restaurant à faire tourner, JP, le bassiste, est depuis peu papa, et le Erik, le guitariste, euh lui non il glande toute la journée… Le jour où le HellFest, célèbre festival de hard rock metal, les appelle pour remplacer un groupe au pied levé, les Dead Makabés y voient l’opportunité de jouer ensemble une dernière fois…

Le principal problème du premier long-métrage de Martin le Gall, 38 ans, est qu’il s’est trompé de cible et qu’en voulant écrire une histoire nostalgique sur deux mouvements musicaux, la folie des Beatles dans les années 60 et celle intemporelle du hard rock, il se retrouve avec un Julien Doré qui attirera une foule de jeunes qui n’y connaissent strictement rien ni à l’une ni à l’autre… Julien Doré est peut-être l’un des chanteurs les plus décalés de la scène française, il n’en reste pas moins un produit de la télé réalité porté essentiellement par un public féminin et ado ou adulescent.

Problème de casting donc pour une histoire qui laissera sur la touche une audience étrangère à toutes les références et clins d’œil appuyés aux époques et surtout aux Beatles à qui son film rend un vibrant hommage : « La fête de la fraise » pour la chanson « Strawberry fields », les coupes de cheveux au bol imitant les quatre garçons dans le vent, la marche sur le passage piéton pour la couverture mythique du disque « Abbey Road » qui se verra offrir un ultime hommage avec l’arrêt de bus où se trouve Julien Doré un peu plus tard et qui porte le nom de « Route de l’Abbaye » !

Comment donc ne pas perdre ce public hermétique à tous ces témoignages d’amour ? En couchant sur le papier une histoire drôle portée par une bande de jeunes qui se fendent la gueule. Malheureusement, là aussi le bas blesse… Si l’intention était louable de jouer sur la figure de l’opposition avec ces joueurs de rock qui se retrouvent au Festival de la fraise de Saint-Peperac, comment intéresser avec un scénario aussi ennuyeux, aussi mou et aussi peu plausible ? Si le début capte un peu l’attention, le road movie qui s’en suit s’engouffre dans un désert d’inventivité et une jungle d’absurdités. Pire, on baigne rapidement dans l’ambiance rose bonbon Hello Kitty pour ne plus la lâcher… Un comble pour un film rock qui nous ferait presque passer pour un chef d’œuvre le déjà gnangnan "Rock Forever" !

Les personnages principaux et secondaires sont, sur le papier, plutôt affligeants, mention spéciale à la fille de la gendarmette, tout droit sortie de la série télé "La Famille Adams" (je m’interdis de la comparer à Christina Ricci, ce qui lui ferait, j’en suis désolé, trop d’honneur). Dommage pour Grégory Gadebois (César du meilleur espoir avec "Angèle et Tony") et surtout pour Jonathan Cohen qui sort vraiment du lot et arrive à rendre son personnage drôle et attachant.

Si l’humour tombe souvent à plat, on retiendra toutefois quelques scènes qui nous arrachent un sourire, comme celle de l’accident de voiture découvert par un vieux qui croit voir revenir des vampires, et quelques vannes bien placées comme quand l’un des musiciens s’en prend ironiquement à la télé réalité ou quand Julien Doré répondra à la question « Quel est selon Karl Marx l’opium du peuple ? » par « La variété française » !

Maigre consolation donc pour un film qui aurait pu être dans la droite lignée de "Hôtel Woodstock" sans avoir la qualité de son scénario, qui lorgne du côté de "Radiostars" mais qui n’a pas sa fantastique bande de potes, et qui aurait voulu rendre un digne hommage aux Beatles comme "Across the Universe" mais qui n’en a ni la puissance ni la beauté visuelle. C’est donc avec les mêmes têtes d’enterrement que les comédiens à la fin du film qu’on sort de la séance… déprimé par ce ratage presque complet.

Mathieu PayanEnvoyer un message au rédacteur

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