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PIEDRA NOCHE

Un film de Ivan Fund

Une étrange et touchante histoire de deuil

Greta et Bruno vivaient heureux dans leur maison située sur une île de la cote argentine, jusqu’à la disparition mystérieuse de leur fils en bord de mer. Ils reviennent pour vendre la maison, aidés d’une amie de Greta, alors que Genero, auquel ils vendent, souhaite en faire le point de départ d’un circuit touristique qui inclut l’immense plateforme laissée à l’abandon au bout d’à peine deux ans par les Japonais. Celui-ci souhaite en effet profiter de la légende locale apparue depuis quelques temps, disant qu’un monstre serait lié à cet endroit…

Piedra Noche film movie

Piedra Noche, présenté au Festival de Venise dans la section Giornate degli autori (Venice Days) est signé Iván Fund ("Vendrán lluvias suaves"), accompagné ici a l’écriture par Santiago Loza avec lequel il avait co-réalisé "Los labios", et lui-même remarqué pour son film "La Paz". Le film s'ouvre sur des instants de bonheur du couple, observant son enfant jouer à la console (où il s'est créé un personnage de Kaïju destructeur...) et chahutant avec lui dans une mer agitée où trône quelques kilomètres plus loin une mystérieuse plate-forme d’extraction. La disparition de celui-ci est évoquée avec tact par une belle parabole, suggérant un accident et incluant les lumières des girophares des secours.

Empreinte d’emblée d’un certains mystère autour de la dite plate-forme, soit-disant rapidement abandonnée pour une cause inconnue, le récit bascule, après une ellipse temporelle importante, dans l'époque d'aujourd’hui, les parents ayant vieilli et se retrouvant à vendre leur maison à l’organisateur d’un circuit touristique Genaro, gérant la société Aldea Mar, qui espère bien tirer profit de la légende locale grandissante autour d’une créature venant la mer, ayant potentiellement fait fuir les ouvriers. Picturalement, le film paraît cependant figé dans un temps passé, à l'image finalement de ces parents, toujours affectés par la perte de leur fils.

Arguant que la créature du Loch Ness elle aussi, a été créée en temps de crise, et a permis à l’économie locale de refleurir, le personnage interprété par Alfredo Castro apparaît d’emblée comme arriviste, et peu affecté par le drame que les parents ont vécu autrefois. Exploitant la beauté des lieux, la variation rapide de la météorologie, le caractère épuré de la maison, Iván Fund génère un contraste entre l’attitude apparemment irrationnelle du père au contact avec des objets ou endroits lui rappelant son fils. Jouant également sur d’étranges phénomènes, plus suggérés que montrés, il délivre une histoire de deuil, à la fois poignante et pleine d’un optimisme retrouvé. Et si la conclusion est quelque peu osée dans sa forme, on a envie nous aussi d'y croire.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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