PIECE BY PIECE
Un Legotrip aux briques trop rangées
Pharrell Williams est probablement l’un des artistes les plus influents de la pop Culture. Ses amis et les personnes qui l’ont croisé viennent en témoigner pour rendre homme à ce musicien et producteur atypique…
« Get Lucky », « Lose Yourself to Dance », « Bluerred Lines », « Happy », c’est lui ! Britney Spears, Snoop Dogg ou Justin Timberlake sont des chanteurs qu’il a produits. Tout le monde ne connaît pas forcément son nom, mais ses mélodies sont restées dans nos têtes durant plusieurs mois, et le sont toujours pour de nombreuses personnes. Lui, c’est Pharrell Williams, l’homme au chapeau devenu directeur créatif de Louis Vuitton. Artiste touche-à-tout, il fallait forcément un métrage à la forme particulière pour conter ce destin hors-du-commun. Entre le biopic et le documentaire, "Piece by piece" raconte donc l’ascension de ce petit gars de Virginia Beach jusqu’au trône de la musique mondiale. Jusque-là, rien de bien original. Sauf que le rendu sera en animation, et plus précisément en Lego.
On pourrait alors facilement résumer le film à une publicité géante pour la fameuse marque de jouets. Pour autant, le projet trouve du sens dans ce choix narratif audacieux, imposant une réflexion sur la création et la manière dont on doit tâtonner, déconstruire pour reconstruire afin de trouver le bon ton, la bonne formule, celle qui transformera un morceau en un hymne générationnel. Visuellement réussie, colorée et rythmée, cette œuvre tombe cependant trop rapidement dans le trip narcissique pour séduire au-delà de ses partis-pris esthétiques. Hagiographie sans nuance, le film finit par tourner en rond, faisant défiler les personnalités du show-bizz pour rappeler à quel point on parle ici d’un génie.
Pas de polémique abordée (notamment le procès pour plagiat), à peine une réplique pour évoquer la « grosse tête » difficile à éviter, deux, trois raccourcis pour présenter les marketeux comme les ennemis des artistes, et on arrive à un résultat terriblement consensuel sur le fond. À l’image du plastique qui anime les protagonistes, tout semble mécanique, contrôlé, et in fine sans âme. Un exercice de style à probablement limiter aux plus grands fans de Pharrell, le reste du public risquant de vite avoir plus l’envie de jouer aux Legos que de rester dans la salle de cinéma. À moins qu’il s’agisse là du véritable objectif de l’ensemble ?
Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur