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PIANO FOREST

Un film de Masayuki Kojima

Entre discipline et enchantement

Un garçon intègre une nouvelle école. En plein apprentissage du piano, ce fils de bonne famille travaille dur, et fait la d'un enfant des rues capable lui de jouer librement, sans prendre de leçon, et ceci sur un mystérieux piano abandonné en forêt, et que tout le monde croit désaccordé...

Voilà un film qui traite de la musique et plus particulièrement du piano de manière assez juste. Il est d’ailleurs curieux de constater que, d’une part, le réalisateur japonais a une compréhension juste et réfléchie d’une musique avant tout occidentale, et d’autre part, qu’il rend cette justesse de ton, non par des comédiens, mais par le dessin. Rares sont les films où les acteurs interprétant des pianistes sont convaincants, ou, devrais-je dire, réalistes. Mais quelques exceptions sortent du lot : « Quatre minutes », « De battre mon cœur s’est arrêté », « Tokyo Sonata »… Et aujourd’hui « Piano Forest ». Mais il ne faut pas non plus tout prendre au pied de la lettre, car ce dessin animé, aussi juste soit-il, s’adresse avant tout à un jeune public.

Ainsi, le message du film est basé sur l’enseignement du piano, sur les notions de travail, de trac, d’apprentissage, d’interprétation et aussi de la place du plaisir et de celle de la contrainte dans une discipline certes épanouissante, mais qui demande beaucoup de rigueur et de discipline. Ainsi se démarquent les deux jeunes enfants du film. L’un joue depuis l’âge de quatre ans et travaille avec une discipline de fer. L’autre, sauvage et autodidacte, privilégie le plaisir et l’enchantement des sons qu’il produit, sans se soucier de vraiment travailler sa technique pianistique. Evidemment, le film suggère que la vérité est au milieu, la musique demandant une rigueur de travail implacable, mais aussi une fraîcheur de jeu par la capacité de renouveler constamment son propre émerveillement de la musique, enfin la recherche d’une interprétation personnelle, en évitant le jeu du mimétisme, de l’imitation.

Pour illustrer ces éléments quasi-pédagogiques, quelques scènes cocasses apportent une légèreté et un humour inattendus. On pourrait regretter que le graphisme ne soit pas un peu plus soigné (on est à des années lumière de Miyazaki) mais le propos n’est pas là. Ce film saura à coup sûr provoquer l’émerveillement des petits, réveiller l’âme d’enfant des parents, et, pourquoi pas, susciter des vocations, dans un monde actuel où la musique classique n’est pas considérée à sa juste valeur.

Rémi GeoffroyEnvoyer un message au rédacteur

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