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PARTHENOPE

Un film de Paolo Sorrentino

Une ode sublime à la beauté et la jeunesse perdues

Parthénope, jeune femme née dans les années 1950, étudiante en anthropologie, profite de l’été napolitain et attire les regards des hommes. Passant son temps avec son frère, fragile, et un ami qui la courtise, elle se lie d’amitié avec un vieil écrivain américain, qui observe leurs jeux de séduction…

Avec son nouveau long métrage, "Parthénope", qui avait divisé en compétition du dernier Festival de Cannes, Paolo Sorrentino, grand prix du jury à Venise pour "La Main de Dieu" en 2021, s’éloigne un peu de l’autobiographie mais pas de ses thèmes principaux. Ce sont ainsi le pouvoir de la beauté, la perte de la jeunesse, mais aussi sa chère ville de Naples, qui seront à nouveau l’écrin de ce petit chef d’œuvre de lumière et de beauté. Sa sirène (le titre fait allusion à une légende grecque sur une sirène liée à la fameuse ville de Naples) attire ici irrésistiblement les regards, des hommes comme des femmes. Incarnée par la divine Celeste Dalla Porta, nouvelle venue à l’incroyable magnétisme, celle-ci va peu à peu prendre conscience du pouvoir que lui confère cette beauté, inégalable. Car comme le lui dit le personnage d’écrivain américain : « la beauté ouvre des portes », « vous pouvez tout avoir sans même demander ».

Formant au départ un trio inséparable avec son frère et un ami éperdument amoureux, elle va s’en éloigner suite à événement tragique (sublimement évoqué par un souffle d’air et la plongée de la caméra dans le bleu de la baie). C’est alors à la nage sinueuse de celle-ci, empreinte dune indicible mélancolie, entre des liaisons plus ou moins signifiantes, et au contact d’hommes quelle aura choisi (son professeur, l’écrivain…) que va s’intéresser la caméra de Sorrentino. Avec une sublime photographie, qui rend hommage à la luminosité et au bleu azur qui baigne la ville, ici représentée comme un lieu de chaleur, d’oisiveté et de lenteur assumée, le film voit la mise en scène de Sorrentino s’assagir, préférant les longs travellings accompagnés de musique classique aux montages musicaux clinquants qui ont fait sa patte.

Même s'il mobilise bien entendu quelques chansons italiennes aux refrains enivrants pour générer l’émotion et évoquer le temps qui passe, l’auteur atteint ici des sommets de subtilité dans son évocation d’une jeunesse qui ne durera pas, et que son héroïne cherche moins à capturer, que ceux qui la regardent. On se laisse ainsi étourdir par une ambiance mêlant nostalgie d’un passé perdu (la douleur de l’écrivain américain, interprété par Gary Oldman, transperce le cœur), et par ce qui constitue finalement le regard d’un homme mûr sur la beauté, devenue inaccessible. Un regard qui est aussi bienveillant sur une jeunesse et un « éternel été » que chaque spectateur aura peut-être connu lui-aussi, et n’oubliera jamais. Un regard qui affirme aussi que la vie laisse certaines personnes au bord de la route, comme l’âge voile progressivement les drames en souvenirs doucereux. Déjà parmi les meilleurs films de 2025, "Parthénope" envoûte par sa poésie, sa beauté insolente assumée, comme sa capacité à profondément émouvoir.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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