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PAR AMOUR

Un film de Elise Otzenberger

Un conte inattendu et troublant

Sarah a accepté de quitter Paris pour suivre son mari Antoine et tenter de sauver leur couple. Dans leur petite ville, elle s’occupe de leurs deux enfants, Simon et Louis, hésitant à reprendre l’écriture de son roman. Après un moment où elle a laissé seul Simon à la plage pour emmener son petit frère aux toilettes, elle retrouve celui-ci trempé sur le rivage, fixant la mer. Étrangement, le garçon semble développer une obsession pour l’eau, prenant d’abord des bains plusieurs fois par jour…

Deuxième long métrage d'Elise Otzenberger ("Lune de Miel"), "Par Amour" est un film résolument marquant, qui met en scène une mère isolée, Sarah, et son fils aîné, Simon, dans un récit jouant sur l’étrangeté du comportement de ce dernier, semblant contaminer d’abord l’appartement, puis le cerveau de sa propre mère. Incarnée par Cécile De France (ici tout juste fabuleuse), celle-ci oscille entre le déni et une inclinaison progressive vers la folie, pour mieux brouiller les pistes autour de ce que ressent son fils (troublant Darius Zarrabian), qu’elle refuse de voir comme une fatalité ou une maladie. En gardant cet axe formé par cette mère compréhensive et son fils perturbé, face au père aussi rationnel qu’il est régulièrement absent et au petit frère intrigué mais aussi inquiet, la réalisatrice-scénariste nous embarque dans un récit aux interrogations multiples sur les conséquences du comportement d’un couple au bord de la rupture, la croyance en des éléments surnaturels, et la consistance de l’imaginaire des enfants.

Intelligemment, la mise en scène joue sur le mystère, installant en permanence le doute, par des cadrages étranges accompagnés d’une musique inquiétante (d’un ciel chargé vers une mer agitée au générique de début, sur une grille dont sort de la vapeur d’eau et la lumière d’une salle de bain où Simon se baigne la nuit, par un simple plan zénithal sur la baignoire...). La présence de l’eau devient ici aussi une obsession, envahissant une recherche nocturne sous une pluie battante, par un bassin à poissons dans un resto chinois, ou ce que renferme un simple coquillage ramené de la plage... Récit sur la confiance, mais aussi la capacité à refaire famille, "Par Amour" emprunte la voie du fantastique pour mieux parler de thèmes universaux, tout en parvenant à créer un véritable suspense. Et si le passage dans la rivière peut paraître un peu « too much » il marque aussi un point de bascule dans la compassion et la compréhension du personnage de la mère vis à vis de son fils. Une manière détournée d’affirmer que certains problèmes se résolvent avant tout en interne à la famille elle-même.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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