ONE TO ONE : JOHN AND YOKO

Depuis quelques années, Kevin Macdonald s’est imposé comme l’un des meilleurs documentaristes musicaux, avec notamment les très remarqués "Marley" et "Whitney". Quelques semaines après la sortie de "TWST - Things We Said Today" et trois ans avant le projet colossal de Sam Mendes (un film par membre du quatuor), c’est donc une nouvelle fois les Beatles qui se retrouvent sur le devant de la scène cinématographique. Mais comme son nom l’indique, "One to One: John & Yoko" se concentre plus sur le couple formé par John Lennon et Yoko Ono que sur l’impact musical des quatre garçons de Liverpool. Se focalisant sur 18 mois de leur vie au début des années 70, période coïncidant avec leur paroxysme militant, le film est un puzzle fascinant de la psyché de deux personnalités où la créativité ne peut plus s’émanciper de l’engagement politique.

À la limite de l’expérimental et porté comme souvent par un montage chirurgical et impressionnant (au point où le monteur Sam Rice-Edwards est crédité comme co-réalisateur), ce portrait se vit comme une expérience sensorielle, animée par une bande-son électrique et des images subliminales d’une époque si charnière des États-Unis, où les rues s’embrasaient au nom des idéaux citoyens. Multipliant les documents d’archives rares, dont des séquences de l’un des uniques concerts en duo des deux musiciens, le métrage est un objet effervescent, débordant de volontés et de récits, contant aussi bien l’intime d’un couple iconique que la grande histoire d’un pays divisé par des courants difficilement réconciliables. La profusion d’extraits est éreintante, la linéarité pas toujours facile à saisir, mais pour ceux qui s’abandonneraient à cet exercice de style, le voyage est galvanisant.