ON VOUS CROIT

Sous pression

Une mère, Alice, est particulièrement nerveuse, car elle doit emmener son fils Étienne et sa fille Lila à une audition pour leur garde, leur père réclamant d’avoir un contact régulier avec eux, lui qui ne les a pas vus depuis deux ans. Pourtant à peine arrivé sur les lieux, Étienne s’enfuit dans l’immeuble, refusant tout contact avec son père…

La violence des mots a forcément des répercussions physiques. "On Vous Croit", premier film belge, mention spéciale dans la section Perspectives du Festival de Berlin 2025, dont les mécanismes font un peu penser au long métrage espagnol "Border line", nous enferme avec une famille dans un tribunal, le temps d’une audition décisive. Affrontement entre un père qui travaille dans l’éducation, accusé de viol sur son fils Étienne (une procédure au pénal est en cours), et une mère, travaillant au planning familial, pour obtenir ou éviter le placement des enfants, mais aussi les garder éloignés du père, le film s’intéresse d’abord à l’audition des parents (les enfants ayant refusé de voir le père et ayant été auditionnés à part). Une scène cumulant les accusations autour de la mère, qui a d’autant plus d’impact que la caméra du duo Charlotte Devillers et Arnaud Dufeys se concentre sur la mère, forcée d’encaisser de multiples accusations.

Autour de cette mère sur le qui-vive, la tension s’installe ainsi, entre paroles des avocats et des conseillers, jusqu’à ce que celle-ci puisse elle-même s’exprimer, les dialogues soulignant intelligemment le manque d’appui et d’accompagnement dans pareille situation. À l’aide de répliques cinglantes, c’est tout un système qui est interrogé (« qui veut-on réellement protéger ? »), mais aussi l’importance de la parole des enfants qui est remise au centre du jeu, même si celle-ci n’est jamais entendue dans le film. L’épilogue souligne d’ailleurs avec acuité leur désarroi, lors d'une scène en apparence apaisée, hors du contexte du palais de justice. Mais que penser de l’impact du fonctionnement d’un système judiciaire, sur la construction même de ces futurs adultes, comme concernant leur confiance en la justice, si en effet, le titre même du métrage, qui en dit sans doute trop, est bafoué.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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