ON FALLING

Un film de Laura Carreira

Le bouleversant portrait d’une femme face à l’isolement

Synopsis du film

Aurora est une femme portugaise qui vit en colocation et travaille de nuit dans un centre de préparation de colis en Ecosse. Avec un quotidien routinier et épuisant, elle n’a pas le temps ni les moyens d’avoir une vie sociale à l’extérieur, les rares échanges avec ses collègues, à table, ou verres avec ses colocataires ne suffisant pas à créer de vrais liens. Car même avec sa compatriote qui l’emmène au travail en voiture, il est question d’argent pour contribuer à payer le trajet…

Critique du film ON FALLING

Récompensé en 2024, du prix de la mise en scène au Festival de San Sebastian, "On Falling", présenté depuis en séance unique au Festival de Dinard 2025, est un film dont l’apparente douceur, liée à sa lenteur et au comportement résigné mais attentif de son personnage principal, ne permet que mieux mettre en évidence la violence d’un monde qui vous isole et vous infantilise. Au fond, ce sont de petits détails, qui dans le fonctionnement même du travail d’Aurora, montrent la pression (la panique soudaine lorsqu’un objet à scanner n’est pas trouvé, le regard inquiet lorsqu’un contremaître raconte son week-end lui faisant perdre un temps qu’elle sait compté…), mais aussi le mépris déguisé derrière des récompenses ou pauses (une friandise chocolatée à choisir quand on a fait un bon travail, un temps de team building en jouant au ballon …) ou des félicitations (l’indécent appel au don pour l’environnement lors de la célébration des résultats de l’entreprise…).

Intelligemment, le scénario amène l’ulcération, en tendant inlassablement un miroir au personnage d’Aurora, accablée par les questions d’argent (une vitre de téléphone à remplacer, une vérification inquiète du solde du compte sur un distributeur, un échange avec la compatriote au volant…), par les loisirs des autres (le contremaître bavard, le colocataire polonais et ses amis, les tentations dans les magasins…), ou par l’apparition de quelqu’un en qui elle pourrait se reconnaître. Et l’émotion naîtra de la seule malheureuse parade dont le personnage, interprété avec retenue et complexité par la formidable Joana Santos, sera finalement capable. Irrémédiablement, notre cœur se serre face à la détresse cachée d’Aurora, symbole d’une société malade, de métiers aliénants et de management infantilisant, faute de pouvoir vivre de revenus indécemment bas. Réussissant à amener l’épuisement du personnage, sans la sensation d’acharnement de certains scénarios de cinéastes comme les Dardenne, Laura Carreira, s’inscrit, pour son premier long, déjà parmi les cinéastes importantes qu’on se devra de suivre.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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