ODDITY
Manipulés comme des pantins
Darcy est une jeune femme aveugle, spécialisée dans la lecture des objets et particulièrement dans les objets occultes. Un an après le meurtre sauvage de sa sœur jumelle, elle retourne sur les lieux du crime, la maison où vit encore son ex-beau frère, un éminent médecin psychiatre, pour essayer de démêler la vérité sur cette nuit tragique ou sa moitié lui a été arrachée. Pour s’aider dans cette tâche, elle a fait livrer sur place un étrange mannequin en bois à taille humaine…
"Oddity" est LE film de frousse de ce début d’année. Impossible de rester de marbre face à cette ambiance qui s’installe dès les premières minutes, lorsque Dani, la sœur qui sera assassinée, est seule dans la grande maison de campagne qu’elle rénove avec son mari. La lumière du jour est encore là et chaude, mais tout est si grand et si vide que l’on regarde déjà dans les recoins de la maison avant de savoir ce qu’il va se passer. Le film nous prend à revers en nous emmenant ensuite dans l’après. La lumière qui était chaude est passée au gris, et le spectateur commence à se douter de quelque chose. C’est la même maison, ce qui est déjà étrange en soi car qui resterait vivre sur les lieux d’un crime (d’autant plus celui de son épouse), mais elle n’a plus rien du cocon accueillant que l’on pouvait imaginer en la présence de Dani.
Damian Mc Carthy, réalisateur irlandais (dont c’est le second film après "Caveat" en 2020, déjà un film d’horreur) qui scénarise également son film, utilise avec joie les codes du film de fantôme pour nous faire bondir de notre fauteuil sans se départir d’une bonne dose d’humour noir. Il utilise tour à tour le screamer bien placé, les mécaniques telles que le flash de l’appareil photo qui met en évidence un invité indésirable et les reliques flippantes (ici un mannequin à taille humaine assis à table). En alternant les plans de son histoire dans une maison isolée ou dans un asile psychiatrique, le réalisateur joue aussi sur le huis clos : les personnages ne sortent jamais vraiment de leur enfermement et les issues semblent assez peu nombreuses. Côté scénario, il prend un malin plaisir à jouer sur nos attentes : il nous manipule jusqu’au dernier tiers du film pour nous laisser avec une vérité qui peut être encore plus effrayante que les entités qui entourent les protagonistes.
Carolyn Bracken porte le film avec une interprétation juste et toute en retenue quand elle interprète la jumelle Darcy et rend palpable tout le côté surnaturel du film. Gwilym Lee joue quant à lui le mari rigide et terre à terre, ce qui lui confère son côté parfois inquiétant. L’Irlande est une terre de légende, elle est désormais également une terre de frousse.
Océane CachatEnvoyer un message au rédacteur