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LES NOUVEAUX LOUPS DU WEB

Un film de Cullen Hoback

Un documentaire qui manque de mordant

Les Conditions générales d'utilisation. Nous les acceptons tous sans les lire tant alors que depuis des années, les grandes entreprise de l'industrie .com s'en servent pour vampiriser nos données personnelles en toute légalité. Facebook, NSA, Google, FBI… comment ces organisations tirent-elles profit des données personnelles que nous semons un peu partout sur le web ?...

Au regard de la bande-annonce, "Les Nouveaux Loups du web" s'annonçait comme une bombe. Un film plein de révélations sur l'utilisation faite par les entreprises et les gouvernements de nos données personnelles. Malheureusement, ce n'est pas le cas. La plupart du temps, le film enfonce des portes ouvertes en empilant les pseudo-révélations. Tout le monde sait que Facebook, Google et consorts utilisent nos données pour en tirer profit, c'est leur business model ! S'en étonner serait comme s'étonner que TF1 fasse de l'argent en montrant de la publicité à des pauvres gens qui ne veulent que regarder leur feuilleton à la télé. Certes "Les Nouveaux Loups du web" date en réalité de 2013, mais tout de même ! Le ton est ultra manichéen, ce qui rend souvent le film très désagréable à regarder. Il présente Internet et ses acteurs (Google, Facebook, etc.) comme des gadgets sans intérêt servant uniquement à nous dépouiller de notre vie privée.

C'est d'autant plus agaçant que le film nous tient ce discours caricatural et moralisateur sans faire preuve de la moindre inventivité ! Ce n'était certainement pas l’intention initiale, mais en dénonçant cette traque menée par les grandes entreprises du web, Cullen Hoback souligne avec une évidence criante l’hypocrisie de ceux qui, tout en étant inscrit sur Facebook, Twitter et consorts, s’étonnent et se plaignent de ne plus avoir de vie privée. Parce qu’après tout, le meilleur moyen pour que personne ne sache quelque chose, c’est de ne pas le mettre sur Internet !

Toutefois, tout n'est pas à jeter. Le film comporte quelques séquences assez cool. Comme cette scène où l’équipe de tournage se poste durant plusieurs heures devant la maison de Mark Zuckerberg, le PDG de Facebook, attendant qu’il sorte afin de lui demander une interview. Des images particulièrement délectables, illustrant assez bien – une fois n'est pas coutume – le propos du documentariste. Voilà pour ce qui est de la partie "entreprise".

Ensuite commence une partie beaucoup plus intéressante, celle qui traite de la manière dont les gouvernements utilisent ces données pour surveiller la population, empêcher des manifestations d'opposants, procédé à des arrestations arbitraires, le tout au nom de la sécurité nationale (le film est en grande partie centré sur les États-Unis, où le Patriot Act permet ce genre de choses). On assiste alors à des témoignages totalement surréalistes de personnes ayant vu débarquer le SWAT chez elles pour un tweet ou un statut Facebook. Cette deuxième partie est bien plus intéressante car elle révèle des faits moins connus. Excepter pour ce qui est du rôle des écoutes de la NSA dans la stratégie de renseignement intérieur américaine, c'était déjà dans "The Bourne Ultimatum"…

Dans sa conclusion, le documentariste demande à ses différents intervenants s’ils estiment que la vie privée existe encore ? La réponse est quasi unanime : la vie privée est morte, et même si ce n'est pas encore le cas, elle finira par l’être, c’est inéluctable. Mais dans l’ultime plan du film, on voit apparaître sur le fond bleu de Facebook, dans une typographie ressemblant à celle du logo du réseau social, la phrase suivante : « Agissons, avant qu’il soit trop tard… » Il faudrait savoir ! Cette phrase fait définitivement entrer "Les Nouveaux Loups du web" dans la catégorie des documentaires fatalistes et culpabilisateurs n'apportant aucune réponse aux questions qu'ils soulèvent. Et on a un peu envie de dire : "Tout ça pour ça ?" Car finalement, la seule façon de réagir face à ces "révélations" serait de rentrer chez soi, de supprimer tous les comptes que l’on a ouvert sur le net, puis de résilier ses abonnements à Internet et au téléphone afin que ni le gouvernement, ni les multinationales de l’industrie .com ne puissent plus continuer à nous traquer. Mais bon, finalement c'est quand même bien pratique tout ça…

Adrien VerotEnvoyer un message au rédacteur

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