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LES NOUVEAUX CHIENS DE GARDE

La vérité n’existe pas

Décryptage des médias actuels, depuis les grosses chaînes télé jusqu’à la presse écrite et la radio, « Les nouveaux chiens de garde » s’interroge sur les liens financiers de ces médias avec de grands groupes industriels, alors que ces médias se proclament contre-pouvoir. Une réflexion sur leur réelle ou hypothétique indépendance…

Yannick Kergoat, un des coréalisateurs de ce documentaire, fut le monteur de Kassovitz sur « Gothika », et également celui de Costa-Gavras sur « Amen ». Comment son nom pouvait-il se retrouver rattaché à ce documentaire au titre à la fois tape-à-l’œil et disgracieux ? Un rapide coup d’œil sur le synopsis permettait de voir que Kergoat et son compagnon d’aventure s’attaquent en fait à un sujet d’actualité, corrosif au possible, sous couvert d’une étiquette au rabais.

Les deux auteurs préviennent : leur film ne fait pas dans la dentelle, c’est une charge qui s’assume, questionne, et préfère dézinguer que donner des solutions. Et c’est exactement à cela que ressemble le résultat. Les deux hommes ont fait un tri colossal dans des images d’archives, pour prouver ce dont ils sont intimement convaincus : la liberté des médias est non seulement une douce utopie, mais n’existe pas.

Tout est affaire de gros sous, puisque chaque média appartient à un grand groupe. Les patrons de ces derniers sont d’ailleurs, le plus souvent, des proches de Sarkozy. On aura bien en tête des titres de medias d’information qui se font un plaisir de contester autant que possible le pouvoir en place, mais le documentaire tente d’expliquer, que même pour eux, ce n’est pas toujours facile, pas toujours commode, et qu’ils sont, à un moment ou un autre, muselés. Cette partie là n’est, à notre grand regret, pas la plus développée, car « Libération » et « Charlie Hebdo » par exemple ne sont pas censés acquiescer après quelque coup de fil de l’Elysée.

Le documentaire s’étend ensuite sur ce que l’on nomme les « experts », ces hommes qui revêtent en général des titres universitaires et qui sont appelés à tout bout de champ pour donner leur avis informé sur des problèmes bien précis. Le film explique que ce sont souvent les mêmes qui reviennent, et que même lorsqu’ils se trompent lourdement, l’on fait encore appel à eux.

Bref le film s’insurge, dénonce. Il se pare quelques fois de petites animations plus ou moins bien faites, un peu façon Michel Gondry, et de voix off bien sympathiques, mais le plus souvent il est le fruit de l’habileté de ses monteurs qui font parler les images comme ils l’entendent. Ceci n’est pas très choquant pour deux raisons : d’une part car nous avons été prévenus, et d’autre part car c’est le principe même du cinéma que de faire jouer le montage pour nous prouver ce que l’auteur a décidé.

Heureusement, les auteurs ne ciblent ni gauche ni droite, mais un système qui serait selon eux entièrement à revoir. Leur documentaire n’est donc pas partisan, mais à la fois idéologique et pragmatique. C’est le système de regroupement de capitaux qui d’entrée de jeux fausse la donne de manière inéluctable, et c’est donc le système dans son entier qu’il faudrait revoir.

L’information ne pourrait donc être libre dans un système capitaliste ? Un tissu de propagande communiste pensez-vous ? Peut-être, mais pas forcément. Les auteurs ne rejettent pas l’argent en tant que tel, mais l’argent lié à l’information. Un peu comme l’on a fini par vouloir un État laïque, et que l’on a du batailler dur pour l’obtenir. C’était un combat de longue haleine, perdu d’avance, que l’on a pourtant gagné. En tout cas, le film nous invite à réfléchir, et cela excuse quelques faiblesses de style.

PS : pour information, à Abus de ciné, nous sommes tous bénévoles. Pas de collusion avec l’argent…

Ivan ChaslotEnvoyer un message au rédacteur

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