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NOÉMIE DIT OUI

Un film de Geneviève Albert

La sortie du tunnel

Noémie est une jeune fille de 15 ans qui vit en centre jeunesse. Lors de l’audience devant la juge, devant lui permettre de retourner chez sa mère, cette dernière se défile et dit ne pas se sentir capable de reprendre sa fille. Désespérée, Noémie se fait la malle, rejoignant à Montréal une ancienne copine du centre, Léa. Traînant avec son groupe de potes, une bande de jeunes délinquants, elle commença à sortir avec l’un d’eux, Zach, qui lui proposera vite de se faire beaucoup d’argent, en tapinant durant les trois jours d’un événement sportif qui attire de nombreux anglophones…

"Noémie dit Oui" démarre sur les chapeaux de roue, tel un drame social dont le caractère impitoyable des personnages vient bousculer son héroïne, une jeune fille de quinze ans désireuse de retourner chez sa mère, après 2 ans passés dans un centre jeunesse. Puissamment interprétée par la jeune Kelly Depeault, découverte dans "La Déesse des mouches à feu" l’an dernier, Noémie évolue entre profonde colère, dégoût et élans amoureux, découvrant la perception des femmes par une gente masculine en errance (le traitement fait à une poupée gonflable lors d’une des premières soirées passée avec la bande montre leur peu de respect dans la sexualité : chevauchée, bouteille dans la bouche, flingue dans l’œil...), puis par d’autres adultes alors qu’elle a dit « oui » à la proposition de son mec.

Commence alors un long tunnel que la réalisatrice choisit sciemment de mettre en scène telle une terrifiante succession de comportements sexuels, plus ou moins malsains, dominants, voire méprisants. Un catalogue qui trouve tout son effet et sa pertinence dans le parallèle fait avec la course automobile qui se déroule au même moment, et qui s’immisce dans la chambre via l’écran télé, symbole du peu d’importance donnée au moment, mais aussi d’une performance ici transposée au sexe, et qui en dit beaucoup sur la perception de la femme. Vue comme un divertissement, un objet, ou pire, comme un cadeau potentiel, cette représentation matérialiste prend encore plus sa dimension vers la fin, alors que Noémie et sa copine sont tentées de s’éloigner de leurs petits copains respectifs, qui considèrent leur avoir pourtant « tout donné », le « tout » résident dans non seulement un toit, mais surtout un téléphone et de l’argent… À la sortie du film on se dit que ce long tunnel, montré finalement avec autant d’audace et de frontalité par Geneviève Albert, rend encore plus forte et bouleversante la conclusion libératrice.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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