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NOËL A MILLER'S POINT

Un film de Tyler Taormina

Le tourbillon d’une célébration à laquelle on reste extérieur

Lenny et Kathleen se rendent pour les fêtes dans la famille de Kathleen, avec leurs deux enfants, Emily adolescente et son petit frère, pour les fêtes de Noël. Ce rendez-vous traditionnel aux étapes presque balisées est l’occasion d’aborder avec ses deux frères et sa sœur, le placement éventuel de la grand mère, qui n’a de cesse de s’endormir un peu n’importe où…

Passé par la Quinzaine des Cinéastes en mai dernier, puis par le Festival de Deauville, "Noël à Miller's Point" est un film presque entièrement basé sur les sensations. De celles qui irriguent ici une veillée de Noël animée, réunissant une famille italo-américaine, où les ados n'ont pas envie de faire les mêmes choses que leurs parents, et où malgré la fête et de bonnes doses de tradition, les soucis du quotidien font forcément surface à un moment ou à un autre. Le réalisateur capte ainsi d'emblée par une vue renversée (en fait les reflets des décos de Noël des différentes maisons dans une vitre de voiture), le caractère un peu obligé de cette soirée pour les deux enfants assis à l'arrière. Puis l'on plonge dans l'agitation d'une maison surpeuplée, où l'on embrasse trop les nouveaux arrivants, avant de laisser chacun se frayer un chemin parmi les invités, qu’on aura du mal à situer les uns par rapport aux autres jusqu’à la fin.

Dans un difficile équilibre, Tyler Taormina ("Ham on Rye") tente de retranscrire l'agitation et l'esprit festif de certains moments, du défilé tant attendu par une foule frigorifiée en extérieur (un ensemble de lumières qui s'étirent vue la vitesse du convoi...), à l'overdose de sucrerie (une soudaine avalanche de M&M's verts et rouges qui emplissent l'écran...), jusqu'à la course nocturne improvisée par des ados échappés des lieux. Il y a clairement de l'idée dans sa mise en scène, dans la représentation des hésitations d'ados en pleine découverte (des bouts de gestes et des bouts de musique assemblés...), comme dans de belles transitions (la mère qui regarde d'au-dessus la maquette d'une rue, alors que sa fille dans la rue, regarde vers le ciel, ou encore le passage de cris collectifs des ados quand une bouteille brise un pare-brise à un chant collectif des adultes autour du piano). Le passage de relais des adultes vers les jeunes semble ainsi doucement signifié, entre les espoirs des uns et les problèmes des autres.

Malheureusement, comme dans ce genre de célébration, le trop plein de bruit et de musique s'impose par moment avec poids à un spectateur passif, qui ne se sent pas réellement invité à la fête. De plus, si les sujets plus sérieux qui se déroulent en fond (le placement potentiel de la grand mère, la nécessité d’une aide à domicile qui ne repose pas juste sur l’un des frères, la vente d'une maison chargée de souvenirs...), leur développement reste minimal, interrompu par le rythme effréné de la soirée. Difficile également d'adhérer à l'humour qui traverse l'ensemble, des personnages décalés que constituent les deux flics (dont Michael Cera), aux pitreries autour de la poubelle du magasin de doughnuts... Au final, on se sent un peu comme cette PLV de femme montée sur un robot aspirateur au début du film, ballotté dans tous les sens sans trop savoir vraiment où on a voulu nous emmener. Dommage.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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