NINO

Un film de Pauline Loquès

Un premier film sensible, mais maladroitement conclu

Synopsis du film

Nino Clavel est venu à l’hôpital un vendredi pour chercher des résultats d’analyses et renouveler son arrêt maladie. À sa grande surprise, il se découvre atteint d’un cancer du larynx et doit se présenter le lundi pour sa première séance de chimiothérapie, si possible accompagné. Nino, ne trouvant pas les mots pour l’annoncer à sa mère, décide de passer voir celle-ci. Mais les mots ne viennent pas non plus en présentiel, d’autant que sa mère en profite pour lui fêter son anniversaire…

Critique du film NINO

Candidat français à la Semaine de la critique du Festival de Cannes 2025, "Nino" est donc le prénom du personnage principal de ce premier film signé Pauline Loquès. Interprété par Théodore Pellerin, jeune acteur québécois que l’on avait découvert notamment dans "Mayday" et "Beau si Afraid", et qui trouve là un beau premier rôle (récompensé du Fondation Louis Roederer de la Révélation), le film se présente comme une errance sur trois jours, l’enjeu principal étant, au-delà de la bataille contre la maladie qui s’annonce, de parvenir à donner un échantillon de sperme à congeler d’ici le lundi matin, histoire de garder l’espoir d’avoir un jour des enfants.

Gardant moins en ligne de mire cet enjeu, alors que Nino repart gobelet à la main faute de salles disponibles, que celui de parvenir à dire sa situation à quelqu’un de plus ou moins proche (et donc à se faire accompagner le lundi), le scénario parvient à émouvoir par la succession de rencontres ou retrouvailles qui jalonnent le récit : mère pleine d’attente et de tendresse pour son fils (Jeanne Balibar, parfaite), ex-petite amie en plein déménagement, ami intime (William Lebghil, irréprochablement distrait) et sa complice compagne Lina (Estelle Meyer, surprenante), ancienne camarade de classe ayant un enfant (Salomé Dewaels, symbole de ce qu’il pourrait manquer)…

Si les dialogues sont plutôt élégamment écrits, abordant de multiples sujets intimes, tels que la mort du père, le fait de savoir rester en contact, les névroses liées au monde moderne et leur transmission, le rapport « éprouvant » à l’enfant dans le bon sens du terme, le film n’est jamais aussi touchant que dans certaines situations de contact intime (l’échange tendre avec la mère, le moment de confession dans un lit…). Malheureusement, c’est sur une double maladresse que vient ce conclure ce film qui, contrairement à un "Théo et Hugo dans le même bateau" (de Ducastel et Martineau) aux ressorts assez proches, privilégie le besoin de contact à l’urgence. L’erreur aura sans doute été de filmer de manière érotisante l’éjaculation tant attendue du personnage principal, comme de tenter une approche trop idyllique d’un accueil nocturne aux urgences. On attendra cependant avec curiosité la seconde réalisation de Pauline Loquès.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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