NATACHA (PRESQUE) HÔTESSE DE L'AIR

Un film de Noémie Saglio

Comédie en attente d’autorisation de décollage

Depuis qu’elle est toute petite, Natacha ne rêve que d’une chose : devenir hôtesse de l’air. Mais à chaque fois, elle est recalée. Un concours de circonstances et le vol de la Joconde lui offrent une opportunité inespérée d’occuper enfin la profession. Mais ce sera surtout le début d’une grande aventure…

Si la série est un peu tombée en désuétude, la BD ''Natacha'', née de l’imagination de François Walthéry dans les années 70, s’est pourtant poursuivie à travers de nombreux tomes, le 24ème et dernier en date sortant d’ailleurs en parallèle de son adaptation. Dans cette version cinématographique, on découvre ainsi celle qui donne son nom à l’œuvre, alors qu’elle n’est pas encore hôtesse de l’air bien qu’elle en rêve depuis sa plus tendre enfance. Mais pour parcourir le monde, il faut rentrer dans certains standards. Et avec ses cheveux plats et ses quelques centimètres en trop, la protagoniste échoue chaque année au concours d’entrée (oui à l’image de Clark Kent qui enlève ses lunettes pour que personne ne le reconnaisse en Superman, il faut ici accepter l’idée que la sublime Camille Lou n’aurait pas un physique suffisamment gracieux pour devenir membre du personnel navigant). Cependant, suite au vol de la Joconde, celle-ci se retrouve embarquée à bord d’une aventure qui ne se raconte que dans les fictions et se voit offerte l’opportunité d’enfiler l’uniforme.

Lorgnant du côté d’''OSS 117'' et du maître Alain Chabat, avec son humour volontairement anachronique, le film de Noémie Saglio (les séries ''Connasse'' et ''Plein Cœur'', mais aussi le récent ''Parents d’élèves'') n’en aura malheureusement jamais la verve ni le sens du rythme. Construit avant tout comme une ode à l’émancipation féminine, le métrage a trop tendance à confondre archétypes et caricatures éculées, enchaînant les saynètes paresseuses où l’on devine la chute des vannes aux premiers mots prononcés. Ce n’est pas la faute au casting, tant celui-ci enchaîne les stars (Vincent Dedienne, Didier Bourdon, Elsa Zylberstein, Antoine Gouy, Anne Charrier, Baptiste Lecaplain, Isabelle Adjani et même la voix de Fabrice Luchini) qui ne minimisent pas leurs efforts, mais toute cette bonne volonté se retrouve systématiquement annihilée par un scénario poussif qui se refuse à la folie de ses personnages.

Si quelques seconds rôles apportent un vrai dynamisme, voire des rires (mention spéciale au personnage complotiste de BFM, interprété par Baptiste Lecaplain), le résultat souffre trop de ses nombreux trous d’air pour assurer un voyage plaisant. Avec un dernier tiers particulièrement chaotique, le film finit tristement par tourner en rond, ce qu’aucun pilote ne validerait en tant que feuille de route. Dommage, parce que c’était bien quelques turbulences d’irrévérence que nous étions venus chercher. Et avec sa relecture moderne d’une époque où le patriarcat n’était pas questionné et la femme au foyer érigée en symbole, cette comédie pop et indéniablement généreuse disposait de tous les arguments pour signer le divertissement du printemps. Elle a juste manqué d’un peu d’audace et d’une bonne dose d’impertinence.

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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