MY STOLEN PLANET

Un film de Farahnaz Sharifi

Une résistance à l’oubli et à l’oppression

Synopsis du film

Farah est née en mars 1979, quelques jours à peine après la révolution islamique iranienne. A l’âge de 7 ans, avec l’Ayatollah et le hijab, elle se rend compte qu’elle vit deux vies différentes : celle imposée par le régime et celle cachée…

Critique du film MY STOLEN PLANET

À l’aide de photos d’époque, de vidéos familiales, mais aussi des films d’autres familles iraniennes, et d’échanges avec une professeure également exilée à l’âge de 15 ans d’Iran, vivant aux États-Unis, Farahnaz Sharifi évoque des moments d’enfance ou de jeunesse, ses ressentis d’exilée, mais aussi des moments de l’histoire de la révolte des femmes en son pays d’origine. Dès le début du métrage, des photos de manifestations féminines contre le port obligatoire du hijab nous sont données à voir, accompagnées d’une réflexion sur le fait que beaucoup d’entre elles ne doivent plus être aujourd’hui en Iran. Les photos d’écoles montrent, elles, l’enseignement de la haine de l’Amérique, accompagnées d'enregistrements de cris marquants : « Death to America ». Et rapidement, c’est la répression qui est montrée, de l’interruption d’une fête par les forces de l’ordre obligeant à improviser en catastrophe un portrait de fortune du leader, aux manifestations contre le régime où l’on brûle le hijab dans la rue. Autour de ces « planètes privées » dans lesquelles se réfugient tant de femmes et de familles, où la musique et la danse restent possibles, l’autrice construit un récit de résistance, parfois mis à mal même à l’étranger, notamment lorsque son appartement est cambriolé, faisant s’évaporer ses archives.

Au fil du film, les motifs d’interdits, considérés comme des crimes, les moments de joie comme de danse sont érigés en symboles de résistance « face à ceux qui veulent nous voler nos vies ». En résonance avec le destin de sa mère au pays, atteinte de la maladie d’Alzheimer, Farahnaz Sharifi construit un récit intime et universel vibrant, qui stigmatise l’oubli collectif d’une joie possible imposé à ceux qui sont restés, l’irresponsabilité du pouvoir lors du Covid (l’absence d’importation de vaccins...), comme la répression des manifestations récentes (une femme tuée alors qu’elle filmait, des tensions entre femmes elles-mêmes...). Espérant toujours un avenir meilleur, Farahnaz Sharifi montre le pouvoir la colère, celle qui explose un peu partout depuis 2022 et qui fait que les familles n’hésitent plus à partager les images de vie des décédées. On en retient un sentiment de révolte, qui frappe par une phrase symbolique en particulier : « notre colère augmente plus que votre pouvoir ».

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

BANDE ANNONCE

Laisser un commentaire