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MORT SUR LE NIL

Un film de Kenneth Branagh

Un manque de fluidité dans la narration pour une histoire éternellement efficace

Linnet Ridgeway, une riche et séduisante héritière vient de se marier à Simon Doyle, l’ex fiancé de la meilleure amie de Linnet, Jacqueline de Bellefort. Durant leur voyage de noce (une croisière sur le Nil), Linnet est retrouvée morte. Hercule Poirot, qui s’était retrouvé sur le bateau à la suite d’un concours de circonstances, mène alors l’enquête…

Mort sur le Nil film movie

Cinq ans après le sympathique "Crime de l’Orient Express", Kenneth Branagh revient avec la même équipe pour adapter un autre roman phare d’Agatha Christie mettant en vedette le célèbre détective belge à la moustache impeccable, Hercule Poirot, le tout porté par un casting cinq étoiles. Cependant, si sur le papier, ce nouvel opus semble opter pour la réutilisation de la même recette que pour "Le Crime de l’Orient Express", on note tout de même ici et là une volonté de se démarquer un peu de la simple adaptation que constituait le premier opus, et malheureusement, pas toujours de manière très pertinente.
Dans les nouveautés qui marqueront le plus les spectateurs et les connaisseurs du roman d’Agatha Christie, on retrouve l’histoire elle-même. En effet, si le synopsis de base est le même que dans le roman, la trame, elle, se démarque en introduisant de nouveaux personnages et donc de nouvelles sous intrigues. On notera la présence par exemple de Bouc, déjà présent dans le film précédant et qui remplace ici le colonel John Race et qui a droit à toute une sous intrigue. On notera aussi la présence du personnage de Salome Otterbourne transformée en chanteuse américaine noire pour servir tout un sous texte politique.

Si l’idée de modifier l’histoire originel n’est pas inintéressante et permet de pimenter un peu la narration pour le spectateur ayant déjà lu le roman ou vu le film de 1978, ici le bât blesse et le film se tire une balle dans le pied car toutes ces nouveautés sont finalement intégrées de manière assez maladroite et empêchent le film de bénéficier d’une dramaturgie et d’une narration fluides. Au-delà des tentatives plutôt putassières et artificielles de rajouter un discours « woke » sans grand intérêt pour le récit, l’exploration des origines d’Hercule Poirot et de sa fameuse moustache reste l’exemple le plus marquant, le film s’ouvrant même sur cela avec une séquence d’introduction certes très belle, mais sans rapport avec le reste de l’histoire. Une séquence qui traîne un peu en longueur pour répondre à une question que personne ne s’était posé.

De tout cela résulte une sensation que le film souffre terriblement d’un manque de fluidité et de cohérence dans sa narration, d’autant plus que certaines séquences semblent avoir été rajoutées à posteriori, et qu’a contrario, certaines séquences viennent à manquer pour vraiment bien conduire le film. Cela reste cependant tout à fait compréhensible et l’enquête est plutôt agréable à suivre, l’histoire d’Agatha Christie étant forte fascinante à la base.

Concernant la réalisation, là aussi le résultat est en demi-teinte. Contrairement à l’adaptation de 1978, ici tous les décors sont artificiels, et ça se voit, la qualité des effets spéciaux étant plus que discutable. Le spectateur sera donc constamment sorti du film devant des décors trop lisses et incrustés de manière trop outrancières, nous faisant voyager plus dans la vallée dérangeante que dans la vallée du Nil. D’autant plus que si dans "Le Crime de l’Orient Express" l’utilisation des décors numériques (déjà discutable) était limitée au strict minimum, ici, la nature même de l’histoire empêche cette astuce car nos protagonistes vont constamment sortir du décors fermé que constitue le bateau de croisière. La mise en scène reste cependant au final d’assez bonne facture, avec même quelques idées plutôt intéressantes, notamment l’utilisation de surcadrage ou de diffractions de la lumière à travers les vitres pour respectivement, enfermer les personnages et les dédoubler, pour ainsi mieux illustrer leur double jeu. Une idée de mise en scène déjà présente dans le précédent opus d’ailleurs, mais mieux utilisée ici.

Enfin, la prestation de ce casting prestigieux, bien que théâtrale par moment, reste agréable et on finit par se surprendre à apprécier l’accent démesurément exagéré de Kenneth Branagh, ainsi que toutes ces petites manies qui font toutes la saveur du célèbre détective. Pour conclure, si le film souffre d’un manque cruel de fluidité dans sa narration et dans son montage, avec un ajout peu nécessaire et mal intégré de nouvelles sous intrigues, et si les effets spéciaux sont plutôt laids, la séance est loin d’être désagréable et l’intrigue policière reste, 85 ans plus tard, toujours aussi fascinante. Ceci même si le film, lui, sera assez vite oublié.

Ray LamajEnvoyer un message au rédacteur

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