MOON LE PANDA

Un film de Gilles de Maistre

De belles images de pandas, pour un récit schématique et prédigéré

Tian, 12 ans passe pour un mauvais élève, contrairement à sa sœur Liya, aux yeux de son père, Fu, qui décide de le punir en le privant de son stage d’e-sport prévu durant les vacances d’été. Sa mère, Emma, décide alors de les envoyer tous les deux passer l’été chez leur grand mère, Nai Nai. Là, dans les montagnes, au milieu de la forêt, Tian tombe nez à nez avec un bébé panda. Peu à peu, il se lie en secret d’amitié avec celui-ci et lui donne le nom de Moon (la lune)…

On connaît de Gilles de Maistre, sa capacité sans pareille à filmer les animaux, notamment en interaction avec les êtres humains. On lui doit ainsi des films déjà ciblés jeune public, tels que "Mia et le Lion Blanc", "Le Loup et le Lion" ou encore "Le Dernier Jaguar", où la possible amitié avec un animal est à chaque fois évoquée. Voici que sa nouvelle création part sur les mêmes sentiers, mais cette fois en Chine, avec un couple franco-chinois au bord de la rupture, qui envoie ses deux ados, Liya et Tian, chez leur grand mère, propriétaire d'une somptueuse maison de bois en lisière de forêt. Et bien entendu les moments de complicité entre le jeune garçon, mauvais à l'école, et un petit panda, seront non seulement magiques, mais réellement attendrissants. Ce n'est donc pas au niveau des prises de vues que réside le problème, le film offrant aussi quelques jolies rencontres avec des pandas roux et autres félins, ainsi que de magnifiques vues sur les montagnes et la forêt.

C'est bien malheureusement le scénario qui pèche, dans ses enchaînements comme sa simplification à l'extrême, le but étant d'envoyer un message en grosses lettres aux plus petits : peu importe que vous soyez bon ou mauvais à l'école, vous pourrez trouver votre voie ! Si on adhère éventuellement, le scénario, doublé d'un montage castrateur visant à se rapprocher des 1h30 les plus vendeurs, donne ici l'impression d'une histoire à trous, dont on nous aurait caché des éléments pourtant très utiles, apparaissant soudain comme des cheveux sur la soupe. Rien n'est ainsi édicté au départ sur la manière dont les pandas sont gérés en Chine, et les interdits qui peuvent aller avec, pourtant on comprend peu à peu que Tian doive garder le motif de ses escapades secret, sans pour autant comprendre pourquoi des « ils », non identifié, viendront le chercher. Pire, on a droit à peine à l'observation de vidéos de pandas sur Youtube, et à une seule carte de la forêt affichée au mur, et l'on découvre soudainement que Tian aurait fait des tonnes de recherches scientifiques sur l'espèce et devrait donc être récompensé pour cela.

Et que dire de la phrase lâchée soudainement à Lyia, au détour d'une dispute : « arrête d'agir comme si tu étais ma grande sœur » ? Aucune autre information ne sera donnée sur la nature potentiellement recomposée de la famille, la mère (Alexandra Lamy, ici en simple accessoire) les appelant pourtant ses « bébés » lorsqu'ils s'égarent en forêt. La nouvelle des tensions dans le couple est aussi totalement soudaine, même si les deux parents ont des approches différentes de l'éducation au début, tout en nous étant vendue comme une évidence crainte par les enfants. Ajoutez à cela des dialogues tout faits, censés être porteurs d'une sagesse qui dépassera sans doute le moindre élément du public visé, tels que : « les enfants ne doivent pas se sentir responsables des erreurs de leurs parents » (passons encore...), ou pire « quand on cherche des réponses on en finit par oublier la question »... Gardons donc juste en mémoire la jolie légende sur les tâches noires des pandas racontée par la charmante grand mère, et les moments d'échanges entre animal et humain, de ce récit bancal et mal écrit, qui n'est somme toute qu'un produit bien lisse pour enfants auxquels il faudrait tout prémâcher ou prédigérer. On voudrait croire qu'en tous cas les jeunes générations sont plus sensibles et intelligentes que cela.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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