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MON GÂTEAU PRÉFÉRÉ

Le tendre récit d’une renaissance amoureuse

Mahin, vieille dame de 70 ans, veuve et dont la fille, qui a fondé une famille à l’étranger, ne donne pas assez de nouvelles, vit seule à Téhéran dans une certaine routine. Décidée à sortir un peu, elle se rend dans un parc où les hommes font du sport, puis s’arrête dans un restaurant, où déjeune aussi un groupe de quatre chauffeurs de taxi. Entendant que l’un d’eux, Faramarz, est célibataire, elle s’incruste dans son taxi et entâme la conversation. Ensemble, ils se dirigent vers chez elle, où elle l’invite à entrer…

Film iranien passé l’an dernier par la compétition du Festival de Berlin, le délicieux "Mon Gâteau Préféré" est le portrait doux-amer, d’une vieille dame veuve décidée à ne pas abandonner son droit à l’amour. À la fois drôle et tendre, le scénario, finement écrit, présente d’abord un quotidien d’apparence quelconque, où un passage au marché précède un déjeuner avec 5 de ses proches amies, pour mieux marquer le contraste avec la solitude dans laquelle elle retombe par la suite, expliquant ainsi sa pulsion de contact et son désir de sortir. Sous ces apparences anodines, c’est tout de même une certaine liberté de parole et de pensées qui pointe son nez, au travers des discussions entre femmes, aussi amusantes que significatives. On y évoque aussi bien les amours, les maladies chroniques que les problèmes urinaires de certaines, dans une légèreté apparente, avant que lors d’une ballade au parc, l’héroïne ose s’interposer calmement dans l’arrestation d’une jeune femme qui aurait mal porté son voile.

C’est donc une petite révolution dans sa vie et vis-à vis des règles de la société iranienne, que constitue la rencontre provoquée avec un chauffeur de taxi n’ayant jamais eu d’enfant, et passant étrangement à la pharmacie avant de se rendre chez elle (on pense forcément au Viagra). Peut alors vraiment débuter la comédie, sur fond d’une amourette synonyme d’espoir, mais aussi d’une certaine liberté retrouvée pour cette femme. Par petites touches, ce nouveau film de Maryam Moghadam et Behtash Sanaeeha (déjà auteurs du film "Le Pardon") aborde en filigrane la surveillance sociale (l’œil réprobateur des voisins), la censure de la musique et de tout ce qui fait les plaisirs bon-vivants (comme une bouteille de vin, ici particulièrement énorme, pour cette « occasion spéciale »). On prend donc un immense plaisir à découvrir le beau personnage interprété avec un grand talent par Lili Farhadpour, sorte d’héroïne faisant le pont entre générations, qui n’aspire qu’à une relation décente avec un homme bien. Comme elle, on rit, on respire, on tremble : bref, on vit !

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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