MOI, MA MÈRE ET LES AUTRES

Un film de Iair Said

Les parallélismes du deuil

David, étudiant en Master à l’étranger, juif et homosexuel, vient de se faire plaquer. Revenu en Argentine pour l’enterrement de son oncle, sa mère, sa sœur et lui sont salués comme si leur père, qui est dans le coma, allait être le prochain. Déprimé et se sentant seul, il cherche le contact avec d’autres hommes…

Le film s’ouvre sur une scène symbolique de la situation affective du personnage principal, David, dans une chambre d’hôtel où l’on entend l’eau qui coule dans la salle de bain, et l'on découvre l'homme, gémissant et sanglotant, avant de lâcher un « ne me quitte pas ». Passé par la section Acid du Festival de Cannes 2024, cette comédie dramatique argentine, est avant tout le portrait d’une solitude, celle de David (formidable Iair Said, qui se met ici en scène), qui pousse à des gestes absurdes et se double forcément de maladresses dans la quête de contacts, provoquant ici un savoureux décalage entre cet homme gay imposant et son entourage, voire la société en générale.

D’une tentative d’embrasser un moniteur d’auto-école, à une soirée gay avec deux gars plus jeunes, en passant par du visionnage de porno ou l’incursion inattendue chez un voisin bienveillant, le scénario se centre sur les déboires et les pulsions sexuelles (ou plutôt affectives) inassouvies du garçon, tout en laissant planer la possibilité de la mort du père et de la dépendance de la mère. On s'amuse forcément de la nervosité du personnages, des somnifères qui ne fonctionnent pas dans l'avion de retour aux messages multiples à son ex, en passant par un airbag trop zélé, en se demandant comme lui, quand le vent pourrait bien tourner. Entre ton légèrement désenchanté et existence d'une réelle tendresse familiale, "Moi, ma mère et les autres" touche par son personnage autant qu'il amuse par son comique de situation, et le parallélisme qu’il dessine entre différents deuils (de l’oncle, du père, de l’amant).

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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