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MOI ET TOI

Famille décomposée

Lorenzo est un adolescent solitaire. Il n’a pas d’amis et ne cherche pas à en avoir. Afin de rassurer sa mère qui s’inquiète pour son épanouissement, il feint de partir en classe de neige avec les autres élèves de son lycée. Il se retire alors secrètement dans la cave avec vivres et ordinateur pour pouvoir être tranquille toute une semaine à regarder des films. Mais à peine installé, il est surpris par l’arrivée inopinée d’Olivia, sa demi-sœur qu’il n’a pas vue depuis des années…

Il est réservé, maniaque et presque autiste. Elle est impulsive, excentrique et camée. Tout les éloigne et pourtant, ils ont un point commun : leur père. Bien que frère et sœur, Olivia et Lorenzo se connaissent assez peu, tant leur vie familiale commune fût brève et semée de discorde. Néanmoins, le hasard veut qu’il se retrouvent dans cette cave ou chacun est venu fuir ses démons : son mal des autres pour lui et son addiction à la drogue pour elle. D’abord contraints, les deux adolescents vont petit à petit s’apprivoiser dans un huis clos, somme toute, peu banal.

Adapté d’un roman de Niccolò Ammaniti, "Moi et toi" aborde les dérives de l’adolescence sous un angle bien singulier : la relation presque artificielle qui unit deux enfants issus d’une famille recomposée. À leurs yeux, Ils ne sont pas frère et sœur, mais les enfants de leur belle-mère. Chacun porte les stigmates de relations conflictuelles et considère l’autre comme un ennemi potentiel. Il faudra cette cohabitation forcée de quelques jours, pour qu’ils découvrent que leur mal de vivre a un dénominateur commun, l’absence du père. Leur relation évolue alors entre amour et amitié, comme si ils venaient de se rencontrer.

Bien que le film souffre d’une mise en scène quelque peu classique, "Moi et toi" maîtrise pleinement son sujet. Le scénario bien ficelé ne connaît aucun temps mort et les acteurs, tous deux novices en la matière, collent parfaitement aux personnages qu’ils incarnent. Le film révèle même de très belles scènes, telle cette danse sur la version italienne de « Space Oddity », revisitée par Bowie lui-même sous le titre évocateur de « Ragazzo solo, ragazza sola ». En résulte une histoire d’adolescents plutôt touchante qui, comme Bertolucci, absent des écrans depuis plus de dix ans pour raisons de santé, ont mis leur vie entre parenthèse pour mieux se reconstruire.

Gaëlle BouchéEnvoyer un message au rédacteur

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