MLLE BOTTINE
Une comédie enfantine québécoise, touchante mais bruyante
Depuis la mort de ses parents, Simone, 11 ans, vit seule avec sa grand-mère Vivi, atteinte d’Alzheimer. À la mort de celle-ci, son oncle Philippe, compositeur d’opéra en panne d’inspiration et agoraphobe, se voit contraint de s’occuper d’elle, en attendant que lui soit trouvé une famille d’accueil. Leur cohabitation ne sera pas des plus reposantes, d’autant que Simone a emmené en douce avec elle sa moufette, Bottine…
"Mlle Bottine", présenté hors compétition au dernier Festival de l’Alpe d’Huez, est inspiré librement d’un classique du cinéma québécois intitulé "Bach et Bottine" d'André Mélançon (1986), un des films de la série "Conte pour tous", lui-même adapté du roman éponyme signé Bernadette Renaud. Il a pour héroïne une jeune fille de 11 ans, orpheline (formidable Marguerite Laurence, pleine de fougue et d’aplomb), que la mort de sa grand mère contraint à vivre en ville chez son oncle (interprété par Antoine Bertrand, découvert dans "Trois Fois Rien" et "Au Revoir le Bonheur"), compositeur en pleine crise d’inspiration, que son anxiété et ses phobies n’aident pas. Tous deux touchants, ils doivent faire face à plusieurs autres personnages qui semblent décider pour eux. Simone fait ainsi face à son oncle dont l’existence est perturbée par son arrivée et qui l'envoie à l'école, à la dame des services sociaux qui veut lui trouver une famille d’accueil, et au gardien de l’immeuble qui n’admet pas les animaux. Philippe doit lui faire face au directeur de l’opéra, qui aimerait bien se débarrasser d’un potentiel flop ou d’une œuvre inachevée, mais aussi à la professeure de musique que lui met dans les pattes celui qui monte le spectacle.
L’histoire se tient globalement, jonglant entre des enjeux à hauteur d’enfants, la petite Simone, aidée par un gamin de l’immeuble, entreprenant de recueillir divers animaux (ses seuls amis), en plus de sa moufette, dans le dos d’employés de la fourrière pas malins et du gardien, et les souffrances du compositeur pour parvenir à terminer son nouvel opéra. Les rouages sont lisibles mais devraient séduire les plus jeunes, des stratagèmes pour ramener les animaux dans le refuge qu’est devenue la cabane sur le toit, aux techniques de Philippe pour supporter un parcours dans la foule, en passant par le traumatisme de ce dernier, qui permettra de créer du lien entre les protagonistes. Malheureusement le film aligne à l’excès les scènes où les personnages élèvent la voix, crient, ou hurlent, les situations venant même parfois inutilement provoquer cet état de fait (le choix d’un passage à la fête foraine, l’entrée dans l’opéra où depuis la scène ils doivent hurler pour se faire entendre depuis le balcon...). L’ensemble finit de ce point de vue par devenir réellement fatiguant, le récit ne parvenant plus à laisser de répit, confondant affirmation du drame et omniprésence du bruit. Restent deux interprètes touchants, dont les personnages finissent par se comprendre, dans une comédie pour enfants sympathique, où la fameuse moufette prénommée Bottine a finalement un rôle très réduit.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur