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MISTRESS AMERICA

Un film de Noah Baumbach

Woody Allen au féminin

Tracy, 18 ans, vient d’entrer à l’université de New York. Elle se rêve écrivain, mais n’en a pas encore la maturité. Un peu perdue parmi les milliers d’étudiants du campus et de la grosse pomme, elle erre, ne trouvant d’attache nulle part, si ce n’est en la compagnie d’un de ses camarades de classe, Tony, jusqu’au jour où sa mère va lui demander de rencontrer sa future demi-sur, Brooke, une trentenaire excentrique devant laquelle elle va tomber en admiration…

Ce qui pourrait être agréable avec les films de/avec Greta Gerwig, c’est qu’ils dépeignent toujours un New York arty, séduisant, fascinant, follement intello (béret et lectures de poésie à la clé) et nostalgique. Le problème, c’est que cette apprentie Woody Allen ne nous fait ni jamais vraiment rire (ou sourire), ni jamais fantasmer sur cette vie trépidante qu’offrent les rues de Manhattan.

Pour participer à l’illusion fantasmagorique de New York, l’intrigue repose sur l’opposition entre le personnage de la jeune Tracy, ado tout juste sortie des jupons de sa mère, et celui de Brooke, autodidacte rayonnante et confiante. Son quotidien de célibataire endurcie, fait de fêtes, rencontres et soirées underground hypnotise l’adulescente. Mais cette énergie positive de façade se brise petit à petit pour faire apparaître le gouffre affectif de Brooke, tout en faisant ressortir son snobisme et moralisme. Et d’une comédie cynique et acerbe sur une génération de bobo et hipster newyorkais, le réalisateur ne pousse pas vraiment le bouchon assez loin, comme s’il avait tout de même de la tendresse pour cette gourde, complètement paumée, qui voudrait faire croire à qui veut l’entendre que sa vie est une réussite. À cela, il a voulu ajouter la thématique de l’éclatement de la cellule familiale (qui semble toujours autant perturber l’Amérique) et une relation d’amitié entre deux ados qui tourne au vaudeville… Ce gloubiboulga accouche malheureusement d’une screwball comédie des plus ennuyeuses.

Pourtant, la thématique de la satire newyorkaise aurait pu être plaisante, et Lola Kirke (qui joue le rôle de Tracy) livre une prestation plutôt prometteuse. Mais entre la réalisation sans saveur de Baumbach, les dialogues interminables et soporifiques, et une Greta Gerwig toujours autant sympathique qu’irritante, il semble difficile de sortir indemne de ce film.

Véronique LopesEnvoyer un message au rédacteur

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