MISSING
Pas de coup de Bong sur la tête, ni de pied qui marche dans le Park
Synopsis du film
Depuis la mort de sa femme, Santoshi n’est plus que l’ombre de lui-même. Après avoir dit à sa fille qu’il partait sur les traces d’un tueur en série pour toucher la récompense, il disparaît. Le mystère ne fait que commencer…
Critique du film MISSING
Avant la projection de "Missing" au sein de la compétition longs-métrages des Hallucinations Collectives 2023, le mot d’ordre avait été très simple : ne rien lire et ne rien savoir à son sujet serait la condition sine qua non d’un grand effet de surprise. Même en ayant respecté la règle à la lettre, on fera un peu la grimace sur ce point-là. Le simple fait d’apprendre en intro que son réalisateur japonais Shinzô Katayama fut l’assistant réalisateur de Bong Joon-ho sur "Mother" et son segment du film collectif "Tokyo !" réussit d’entrée à conditionner notre ressenti, tant ce second film du bonhomme, coproduit entre la Corée du Sud et le Japon, sent davantage la rosée du matin calme que celle du soleil levant. Difficile de rentrer dans les détails sans déflorer ce qui est à la fois le sujet central du film mais aussi le fond caché d’un scénario centré sur la disparition inexplicable d’un veuf et la recherche menée par sa fille pour le retrouver. Histoire de se la jouer mollo sur le spoiler, on se contentera de dire que le sujet se relie directement avec l’un des phénomènes les plus ancrés dans la société nippone, mais que le traitement a tout à voir avec cet art de la narration gigogne et déconstruite dont font preuve les cinéastes sud-coréens dans leur approche du thriller.
Il y a dans "Missing" de nouveau cette idée très coréenne de creuser le passé, de chercher l’indicible dans ce qui a été caché à la vue de tout le monde, et bien sûr d’utiliser la cellule familiale comme dommage collatéral de cette mise à l’épreuve – nombreux sont les films post-"Old Boy" qui se sont efforcés de suivre cette progression narrative à haute teneur subversive. On est donc en terrain connu, et on ne va pas s’en plaindre. Il n’en reste pas moins que Katayama n’a ni la virtuosité narrative d’un Bong Joon-ho ni la sophistication visuelle d’un Park Chan-wook. Son film se regarde donc comme un ersatz de très belle tenue, capable de contrebalancer la résolution trop rapide de son puzzle par quelques audaces de mise en scène. En particulier celle de la toute dernière scène, véritable trait d’union entre les "71 fragments d’une chronologie du hasard" de Michael Haneke et le "Blow-up" de Michelangelo Antonioni, qui constitue à elle seule une magistrale leçon de cinéma.
Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur