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MIRRORS

Un film de Alexandre Aja

Sept ans de malheur

Un ancien flic, forcé de démissionner de son travail après un accident ayant coûté la vie de son associé, travaille à présent comme veilleur de nuit dans un grand magasin brûlé et abandonné. Seuls quelques miroirs ont survécu aux flammes. Il réalise que ceux-ci cachent un horrible secret qui le menace lui et sa famille...

Le deuxième essai américain de notre frenchie gore est exactement l’inverse de « La colline a des yeux », son excellent coup d’essai. Bâclé, bourré d’inepties et mal joué, ce « Mirrors », remake d’un film coréen, même s’il se laisse regarder sans sourciller, est loin de répondre aux attentes des amateurs du genre qui voyaient en Aja la personnification d’une nouvelle vague prometteuse, capable de se soumettre aux diktats des grands studios tout en réalisant des œuvres personnelles et ambitieuses.

Observant douloureusement la succession de jeunes français qui se cassent les dents face au géant hollywoodien (Gens, Palud et Moreau pour citer les plus récentes victimes), le cinéphile projetait en Aja, l’un des rares à avoir survécu (après un certain Jeunet) à son voyage outre-Atlantique, une importante fierté hexagonale. Vite produit et vite oublié, « Mirrors », tout en se conformant aux règles étriquées du genre, laisse désormais planer le doute sur la suite de la carrière US du prodige.

Même pour un amateur peu exigeant, les inepties et les grossièretés du film se digèrent d’autant plus mal qu’elles jouent sur la capacité d’amnésie du spectateur, pour ne pas dire sur sa stupidité : les scènes les plus marquantes – car il y en a quelques-unes – ou les plus gores ne rencontrent jamais leur écho par la suite, comme si elles n’étaient que des tentatives désespérées pour s’extraire de la médiocrité, et ainsi semblent n’avoir pas de place dans la narration.

Exemple : la réception par Sutherland d’un paquet, contenant des coupures de journaux dédiées à un incident qui le préoccupe. Belle idée, certes ; mais le paquet provient d’un homme mort qui ne pouvait pas connaître à l’avance l’existence de notre héros. Reste à espérer que le public saura occulter ce léger détail de vraisemblance – après tout, qui demande à un film d’horreur d’être crédible ? Autre exemple : deux séquences très gores, très marquantes, dirigent clairement le film sur la voie du cradingue alors que le reste s’avère bizarrement pudique.

Mais ne brûlons point les idoles ! « Mirrors » est plus maîtrisé que les habituelles productions du genre balancées par des studios peu amènes et, bien que dénué des qualités découvertes avec « La colline... », le film pourra satisfaire un public peu perfectionniste. En attendant la suite de la carrière américaine d’Aja – meilleure, nécessairement meilleure.

Eric NuevoEnvoyer un message au rédacteur

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