MINECRAFT, LE FILM
Une nouvelle adaptation de jeu vidéo, au scénario raté mais doté de quelques gags intéressants
Enfant, Steve rêvait de descendre dans la mine du coin, chose qu’il n’a réalisé que des années plus tard, une fois adulte, découvrant deux cubes (dont l’un bleu luminescent appelé l’orbe), qui une fois encastrés ouvrent un portail vers la « surface », un lieu où on peut tout créer à partir de formes cubiques. Il y fit la connaissance d’un loup, Dennis, avec lequel il devint ami, et qu’il chargea d’aller cacher l’orbe dans le monde réel, alors qu’il sera capturé par la vilaine sorcière Malgosha et ses hordes de piglets. Des années plus tard, un ancien champion de jeu vidéo des années 80, Garrett dit « La Poubelle », entrera en possession de l’orbe lors d’une enchère pour le contenu d’un box de garde meuble, se laissant ensuite guider par celui-ci grâce au jeune Henry, jeune homme fraîchement arrivé dans sa ville. Embarqués avec la sœur de celui-ci, Natalie, et une étrange femme noire entourée d’animaux, Dawn, dans la « surface », ils vont devoir en apprendre les règles pour survivre et ne pas se faire dérober l’orbe…

Avouons-le, pas grand monde ne croyait à cette adaptation du jeu de construction collaboratif "Minecraft", dont l'univers se crée grâce aux participants. Mais on était forcément intrigués de découvrir le résultat, au regard notamment de la récente réussite que constituait "Donjons et Dragons : l'honneur des voleurs". Après une introduction en voix-off, contant la manière dont le personnage de Jack Black s'est retrouvé coincé dans un des niveaux (celui de la sorcière Malgosha, désireuse de conquérir et détruire la « surface ») l'histoire peut commencer, autour du personnage de Jason Momoa, sorte de vieille gloire du jeu vidéo ringardisée et du jeune Sebastian Eugene Hansen, en adolescent sur lequel le sort s'acharne (à peine arrivé au lycée, il fait exploser une des emblèmes de la ville, en voulant montrer à ses camarades qu'il est doué en mécanique et faisant décoller avec des fusées, le squelette de sa salle de classe).
Avec un ton de comédie franchement assumé, tournant en ridicule les rites masculins et virils (voir les tenues roses de Jason Momoa, et ses interactions ringardes et limites tendancieuses avec les autres hommes qu'il croise), et la présentation amusante de la principale comme du prof d'arts plastiques du lycée, c'est finalement le côté très "Jumanji" de l'entrée dans l'autre univers qui va nous mettre la puce à l'oreille. Et si les scénaristes avaient vraiment manqué d'inspiration ? On vérifiera avec la suite du métrage qui c'est en effet le cas, l'intrigue se réduisant à la nécessité de trouver un autre exemplaire d'un des deux cubes, brisé, celui-ci étant nécessaire pour retourner dans le monde réel. On ne pourra cependant pas en dire autant des influences qu'ils utilisent au passage et des sources de gags qui puisent dans une société bien contemporaine. Des éléments qui semblent malheureusement être là juste pour faire plaisir au spectateur, sans réellement construire d'histoire ou de background aux personnages.
On aurait pourtant cru que les traumas des frère et sœur livrés à eux-mêmes allaient être creusés, ou que le personnage de Jason Momoa pouvait gagner en épaisseur, mais il n'en sera rien. Heureusement Jennifer Coolidge est là, en principale sans filtre, dont la libido est réveillée par l'irruption dans le monde réel d'un des « villageois » à la tête carrée de la surface, qu'elle écrase accidentellement avec sa grosse voiture. Elle ne fait cependant ici rien qu’elle n’ai jamais fait en mère de Stifler dans "American Pie", ou en voisine polonaise dans la redoutable série "2 Broke Girls". Si on pourra se laisser divertir par l'action incessante, les diverses créatures rencontrées (golems de fer, poulet cuit à la lave, sorcière roublarde qu'on voit venir à des kilomètres, cubes explosifs...), par quelques tirades ou chansons aux jeux de mots pas forcément subtils (« j'adore le porc fumé »...), ou par la manière de tourner en ridicule les clichés d'hommes virils (la fascination du vendeur pour les pulls bleu turquoise, la scène de catch avec un poulet chevauché par un bébé hargneux...), on restera clairement sur sa faim côté scénario, le tout aboutissant à une épuisante scène de bataille façon "Seigneur des anneaux", où l'aspect artificiel des décors est à son comble.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur