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LES MILLE ET UNE NUITS – VOLUME 2 : LE DÉSOLÉ

Un film de Miguel Gomes

Un deuxième volet tout aussi hermétique que le premier

Après avoir conté l’inquiétude du peuple (portugais) face à la crise, Schéhérazade relate à présent sa désolation quand la rigueur est arrivée…

Avec ce deuxième volet, Miguel Gomes poursuit son allégorie politique du Portugal d’aujourd’hui en le transposant en contes des mille et une nuits. Ici, le réalisateur entend évoquer la désolation que ressent toute une population, soumise à un sévère plan d’austérité pour lutter contre la récession. Sur le papier, le film est construit en triptyque. La première chronique relate comment un brigand légendaire nargue les autorités 40 jours durant. S’en suit un long procès ou une juge revient sur la responsabilité de sa position. Enfin le film s’achève sur les tribulations tragi-comiques des habitants d’une cité au travers des yeux d’un chien.

Bien que légèrement plus digeste que son prédécesseur « Les mille et une nuits - Volume 1 : L’inquiet », ce deuxième opus n’en est pas moins une véritable épreuve pour le spectateur qui ne se revendiquerait pas d’une certaine intelligentsia, trop heureuse de porter aux nues un film « d’auteur » hermétique pour se distinguer du commun des mortels. Car disons le franchement, ce film est atrocement rasoir tant sa forme est sommaire et son discours nébuleux. À moins d’être bigrement calé sur l’histoire économique portugaise, il est difficile d’apprécier toutes les références dissimulées dans ce roman-fleuve.

Dépassé par le discours sous-jacent, on tente alors de se laisser séduire par le ton « bon enfant » qui caractérise le film. Mais là aussi, c’est peine perdue. Les histoires s’enchaînent de façon anarchiques entre des saynètes brutes d’images pauvrement contemplatives et d’autres uniquement dialoguées. Des plans où les sous-titres s’enchaînent telle une déferlante de propos, obligent le spectateur à une concentration extrême pour démêler le fil conducteur de l’histoire, pour le moins sinueux. En résulte un sentiment de frustration, comme si on assistait à une fête à laquelle on ne serait pas conviée. Une longue soirée qui se prolongera en nuit blanche pour les plus téméraires avec l’ultime volet de cet essai démesurément rébarbatif : « Les mille et une nuits – Volume 3 : L’enchanté ».

Gaëlle BouchéEnvoyer un message au rédacteur

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