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MIDNIGHT SPECIAL

Un film de Jeff Nichols

Une parfaite exploitation du mystère

À la télévision, on annonce qu'Alton, 8 ans, a été kidnappé par un homme et par un complice. Alors qu'une chasse à l'homme s'engage dans tous le pays, la police débarque dans la communauté religieuse dans laquelle vivait le garçon. Le leader, père adoptif de l'enfant, est alors interrogé, avouant que le kidnappeur n'est autre que le père biologique de l'enfant...

C'est à un road movie peu banal que nous invite Jeff Nichols, l'auteur très prometteur de "Take shelter" (révélé à Cannes à la Semaine de la critique) et "Mud" (monument de nostalgie et d'amour filial). Sachant créer des ambiances où la fin du monde menace, le voici qui démultiplie ici les dangers, en ciblant à la fois un père kidnappeur, des poursuivants issus d'une secte pas très nette, et des policiers un peu perdus dans tout cela, à l'image d'un spectateur sollicité de toutes part.

Car la performance de Jeff Nichols c'est bien de savoir créer le mystère autour de cet enfant, qui manque de manière abyssale à ceux qui l'ont côtoyé, et qui sous ses lunettes bleues portées en permanence, semble bien moins perturbé que les deux hommes qui l'accompagnent vers un lieu inconnu. Suggérant que le danger ne provienne de l'enfant lui même, l'auteur ceinture son audience d'une menace diffuse qui sert de base au climat de ce film d'ambiance aux fulgurantes scènes d'action.

Ménageant ses effets, le metteur en scène provoque un certain stress dans une ambiance qui sent une fois de plus l'apocalypse et convoque des thèmes qui lui sont chers : l'innocence, la découverte de la responsabilité, et l'inconditionnel amour paternel. Avec quelques impressionnants coups d'accélérateur, Jeff Nichols embarque ainsi le spectateur dans une aventure palpitante, quelque part entre deux vieux Spielberg : "Rencontre du troisième type" et « E.T. ».

Une réussite, aux effets spéciaux (et surtout sonores) savamment dosés, qui tantôt vous cloue au siège, tantôt vous fait rêver à un monde meilleur. Un film à l'émotion ténue, qui dépoussière l'approche d'une science fiction devenue nostalgie, convoquant inconnu, curiosité, croyance et accablante humanité. Ceci tout en offrant à Michael Shannon un nouveau rôle à l’ambiguïté réjouissante. À découvrir les yeux, et l'esprit, grands ouverts.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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