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MICHAEL

Un film de
Avec

L’horreur au quotidien

Il y a des films comme ça, qu’il faut voir un peu par hasard, sinon on ne les voit jamais. Des films dont le sujet est tellement repoussant, que trouver la motivation pour lui accorder deux heures de son temps relève de la performance. Michael est pédophile et le film de Markus Schleinzer relate son quotidien. Totalement subjective, la caméra décortique la routine glaçante de l’homme et de sa victime. Elle met en scène les repas, la télé, le ménage… mais aussi la cave, les verrous, le couvre-feu qui plonge l’enfant dans le noir la majeure partie de la journée et… l’irracontable, suggéré par une porte qui se ferme.

Michael est un homme lambda, ni laid, ni beau, sociable juste ce qu’il faut. Loin d’être un déséquilibré, il est parfaitement conscient de ce qu’il fait et de ce qu’il risque. Sec de la moindre émotion, il considère Wolfgang comme un garçon de compagnie… sexuel. Quand il part quelques jours au ski, il laisse à l’enfant de la nourriture lyophilisée comme si il s’agissait d’un vulgaire poisson rouge. Quand celui-ci est malade, il réfléchit surtout à l’endroit le plus approprié pour cacher le corps… au cas où ! Aucun amour n’anime sa conduite, au contraire Michael est affreusement pragmatique.

«Michael» est un thriller latent, qui glace les sangs, sans actions, ni effet spéciaux. Dès les premières minutes, le film nous plonge dans un profond malaise. Non pas que le héros puisse paraître sympathique, au contraire, on est effrayé par la logistique si bien huilée qui lui permet d’entretenir l’horreur. Ainsi quand il décide de kidnapper un deuxième enfant, on retient son souffle, implorant le hasard de tout faire capoter.

Outre son sujet, «Michael» déroute aussi en coulisse. Quelle prise de risque pour un premier film ! Et pour l’anecdote (un tantinet glauque), Markus Schleinzer attribue au pédophile le prénom de son interprète (Michael Fuith), mais aussi celui de son «mentor» (Michael Haneke) dont il a été le directeur de casting à plusieurs reprises. Un hommage qui illustre bien l’angle de vue inconfortable que peuvent avoir les deux hommes sur la cruauté humaine.

Vous l’aurez compris, «Michael» n’est pas réellement une partie de plaisir, pourtant ce n’est pas un mauvais film. Car même si le sujet est insoutenable, la façon dont il est traité, est on ne peut plus efficace. Le film est brut de décoffrage, sans voyeurisme malsain, ni sous entendu qui pourrait mettre le spectateur en porte à faux. Après, il ne tient qu’à vous de tenter cette sordide expérience.

Gaëlle BouchéEnvoyer un message au rédacteur

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