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MICA

Un film de Ismaël Ferroukhi

Lutter pour ne pas rester en fond de court

Saïd, qu’on surnomme Mica, a 10 ans et vit dans un bidon ville de la campagne marocaine. Chaque jour il va au souk vendre des sacs en plastique. Son père est très malade et pour subvenir aux besoins de la famille, celle-ci envoie le garçon travailler dans un club de tennis d’une banlieue huppée de Casablanca…

Mica film movie

Mica, en arabe, signifie sac plastique. Surnommé ainsi car il en vend au souk, Saïd est comme lui, jetable, mais bien utile quand on en a besoin. Là où il est né, le fossé entre les riches et les plus pauvres est toujours béant et dès son plus jeune âge, son destin est lié à celui qu’il va servir. L’avenir qu’on a choisi pour Mica est de remplacer Hadj, homme à tout faire du plus prestigieux club de tennis de Casa. Comme lui, le vieil homme avait été embauché enfant dans ce même club : la boucle est bouclée.

Tout d’abord résilient, Mica subit les douloureuses humiliations des élèves bien nés du club. Pour tenter de dominer à son tour quelque chose, le garçon capture des oiseaux qu’il enferme dans la sombre réserve qui lui sert de chambre. Mais il les relâchera vite, car comme eux Mica rêve d’autres horizons. Il n’attend qu’une chose : « brûler » (terme utilisé au Maghreb quand on veut passer en Europe). Son pote Yacine l’a déjà fait et Mica veut le rejoindre à Marseille. Pourtant, une autre solution s’offre à lui. Sofia, la coach du club l’a repéré et compte bien faire de lui un grand joueur dans son propre pays.

C’est cette « fable » à deux issues qu’Ismaël Ferroukhi nous livre aujourd’hui. Une approche brute d’une enfance sacrifiée avec néanmoins une lueur d’espoir. Sans pathos, ni envolées lyriques, le réalisateur construit son film en fonction des réactions de son jeune protagoniste face à l’urgence du désespoir et non en suivant un schéma narratif qui amène forcément à un happy end. Néanmoins son film, même s’il use parfois de raccourcis peu crédibles, captive surtout par sa justesse d’interprétation. Zakaria Inan, qui joue le jeune garçon, crève l’écran alors qu’il porte le film à lui tout seul.

Gaëlle BouchéEnvoyer un message au rédacteur

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