MEGAN 2.0

Un film de Gérard Johnstone

N’est pas James Cameron qui veut…

Synopsis du film

Gemma et sa nièce Cady vivent sereinement depuis les événements du premier film. Deux ans après avoir manqué d’être tué par une poupée un poil revancharde, Gemma est désormais une grande activiste dans le milieu de la prévention autour de l’intelligence artificielle et Cady fait de l’aïkido, se passionne pour l’informatique et se fait embêter à l’école. Tout va bien dans le meilleur des mondes jusqu’à qu’une certaine Amelia, sorte de jumelle militaire de Megan, sème la pagaille jusqu’à retrouver les traces de sa créatrice. Ne serait-il pas bon de rappeler le robot psychopathe de la famille pour qu’il passe un coup de ménage ?

Critique du film MEGAN 2.0

"Megan" premier du nom sorti en 2022 avait réalisé un petit carton surprise au box office avec 180 millions de billets verts en poche pour un budget de 12 millions. Au vu des maisons de production initiatrices du projet (Universal, Blumhouse et Atomic Monster), une suite a été très vite mise en chantier avec la même équipe autant devant que derrière la caméra, avec le retour du réalisateur Gérard Johnstone. Dôté cette fois d’un budget de 15 millions, la suite se devait de rectifier le tir. Lorsque le premier film est arrivé dans nos salles obscures, pour tout bon amateur de films décomplexés et légèrement bêtes, il était sur le papier un projet appétissant. Avec des noms comme James Wan rattaché à la production (via Atomic Monster) ou encore BlumHouse (capable souvent du pire et parfois du meilleur), la douche froide n’a été que plus brutale. Le long métrage, malgré des qualités techniques évidentes et un discours sur la parentalité qui se dédouane via la technologie intéressant, manquait cependant cruellement de rythme et de mordant. Nous n’exigeons pas de tous les objets filmiques un brin horrifiques de nous déverser des tripes par litrons, mais au moins que le résultat soit à la hauteur des attentes liées intrinsèquement à la nature couillonne du projet. Hélas on nous a servi un plat mollasson avec ce premier "Megan" sauvé de justesse par sa bêtise assumée.

L’annonce de cette suite ne pouvait que raviver la flamme que le premier volet avait brusquement éteinte. Et c’est au bout de deux heures laborieuses que le verdict tombe : sous exploité précédemment, le postulat de base n’est toujours pas honoré. Pire, le film se complète d’un discours moralisateur faussement ambiguë sur les dangers de l’intelligence artificielle, chacun ayant le choix de l’utiliser sciemment et de la bonne manière. Nous n’avions pas besoin de payer 16 euros 40 pour apprendre qu’un enfant ne devrait pas rester collé devant un écran trop longtemps, mais on remercie Universal d’essayer de nous servir des leçons alors que ce message en particulier apparaît assez hypocrite autant  venant d’une multinationale que dans le procédé narratif du film. Gérard Johnstone se rêve en James Cameron et adopte une structure similaire à "Terminator" 1 et 2. Comme pour le chef d’œuvre de science-fiction avec Arnold Schwarzenegger sorti en 1984, le premier "Megan" se voulait plus horrifique avec un ton décalé prompt à la satire (toute proportion bien gardée) et prenait la même direction que ce nouvel opus avec la méchante poupée devenant alors la protectrice. Megan a trouvé en Cody son John Connor et la frontière entre simple hommage ou fainéantise est devenue floue. Et le long métrage actuel ne s’arrête pas là dans le pillage de ces influences.

Et le plus triste dans toute cette entreprise c’est qu’on s’amuse finalement si peu entre une exposition qui n’a de cesse de re-raconter ses pauvres enjeux à chaque scène et ses séquences d’action. La faiblesse de leur exécution fait preuve d’un manque flagrant d’idées ou de folies, et un découpage beaucoup trop brouillon, nous rappellent que "Terminator 2" est sorti il y a plus de 30 ans en 1991 et que c’était quand même autre chose niveau batailles contre le T-1000. Malgré quelques sursauts d’humour, de violence censurée bien sentie (si c’est même possible) et d’origine story concernant le premier robot tueur, qui montrent en crève cœur le potentiel derrière ce type de projet, "M3gan 2.0" n’a pas grand chose à offrir à par vous prendre littéralement pour un idiot, vous faire un doigt d’honneur au passage pour finir par vous installer une nouvelle mise à jour qui risque bien de faire tout planter. Kaspersky ne pourra rien faire pour vous, alors gardez bien votre argent dans votre portefeuille et revoyez plutôt "Chappie" de Neil Blomkamp sur le thème du robot-enfant avec problème émotionnel.

Germain BrévotEnvoyer un message au rédacteur

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