MAYA, DONNE MOI UN TITRE

Un film de Michel Gondry
Avec les voix de Pierre Niney, Maya Gondry...

Un père complice et touchant

Lorsqu’elle était petite, le metteur en scène Michel Gondry s’était mis à réaliser de petits films d’animation pour sa fille Maya. Cela est devenu un jeu entre eux, celle-ci devant à chaque fois lui donner un sujet ou un titre, et lui délivrer un film de plus en plus sofistiqué. Mais avec l’arrivée de l’adolescence, cette complicité enfantine pourrait bien prendre fin…

On connaît tout le talent de Michel Gondry pour créer des œuvres où l’aspect bricolage crée la poésie, tout en amenant autant un air fantasque qu’humoristique. S’il est l’auteur du chef d’œuvre "Eternal Sunshine of the Spotless Mind", on lui doit en effet aussi "La Science des rêves" (aux songes cartons pâtes) et "Le Livre des Solutions", sorte d’autoportrait lié à ses obsessions d’auteur entier et inventif, qui rendait déjà hommage à son talent d’artisan. Voici qu'il nous livre aujourd'hui quelque chose de plus intime, en revenant sur une partie des courts-métrages d'animation qu'il a créés pour garder un contact complice avec sa fille Maya, qui vivait avec sa mère à l’autre bout du monde. Un rituel devenu un jeu entre eux, qui outre le caractère inventif des courts métrages créés à partir d'un simple sujet ou d'un titre donné par la fille, permet de lever un peu le voile sur la sensibilité et la tendresse d'un père qui voit sa fille grandir.

Car tout le monde ne garde pas en grandissant, contrairement à lui, une âme d'enfant, propre à jouer avec des sujets et personnages, et à placer l'imagination au centre de son existence. C’est Pierre Niney qui joue ici le rôle de Gondry, en voix-off, commentant pour le spectateur autant qu'il réinvente des dialogues avec Maya, expliquant au passage quelques concepts liés au cinéma et quelques techniques de conception. Loin d'être un pensum pédagogique, "Maya, donne-moi un titre" est avant tout un recueil de courts métrages en papier découpé, reliés par d'autres séquences elles aussi en papier découpé retraçant l'enfance de Maya. Avec ses petites histoires fantasques, drôles et pleines d'aventures, les plus petits devraient être séduits, tandis que les parents seront sans doute plus touchés par l'émouvante évolution d'une relation père-fille vers un début d'adolescence. En bref on tient là un nouveau petit trésor d'inventivité signé Michel Gondry, permettant de retenir un temps Maya dans l'enfance, en lui offrant de multiples rôles (sirène, policière…) dans des univers décalés.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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