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MAUDIE

Un film de Aisling Walsh

Trop c'est trop

Maud, souffrant d'handicap physique lié à l’arthrite, comme de lenteurs d'élocution, vit comme un affront le fait que son frère ait décidé de vendre la maison de leur mère, sans même lui en parler. Hébergée chez sa tante, qui ne lui porte guère d'affection, elle répond à une annonce pour devenir la femme de ménage d'un homme du village, Everett Lewis, un ancien militaire...

Sortie directe en DVD le 16 janvier 2018

"Maudie", découvert l’an dernier dans la section Berlinale Special du Festival de Berlin, est un film plein de bonnes intentions, tâchant de décrire la destinée de gens simples, mis au banc de la société de par leur différence et leurs difficultés à communiquer. Lui est un ancien militaire, peu bavard, que l’on pressent traumatisé. Elle, passe pour simplette du fait de ses problèmes d’articulation et d’élocution. Tous deux vont unir leurs destins, malgré les ragots (elle passe pour son esclave sexuel…) et le comportement méprisant de leurs proches.

Malheureusement, en voulant faire avant tout de cette histoire vraie une « success-story » - celle d’une femme devenant peintre à succès quasiment malgré elle - , le film en devient presque complaisant, n’évitant aucun pathos. Si la cruauté des autres est parfaitement dépeinte dans la première moitié du métrage (« un gamin de cinq ans ferait mieux » balance-t-on à l’héroïne, à propos de ses peintures), le film s’enlise dans un récit sans surprise, mettant en avant un certain sens du commerce.

Ceci jusqu’à ce que surgisse soudain l’émotion dans sa dernière partie, autour du vrai sujet du film, presque sous-exploité, trahissant l’immense pauvreté et détresse morale de l’époque. On reconnaîtra alors un intérêt dramatique à cette histoire qui évoque de plus ou moins loin "My Left Foot" de Jim Sheridan, tout comme une approche graphique réussie (avec l’utilisation de nombreux cadres dans le cadre). Reste que Sally Hawkins ne fait pas dans la sobriété et qu’Ethan Hawke en fait des tonnes dans le genre bourru, grommelant à tous bouts de champs.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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